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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 12:45

Euh.. j'avais dit que je reprendrais sûrement le blog fin mars ?? J'ai peut-être été un brin optimiste !

 

A bientôt ('fin pas tout de suite quand même),

E.R.

 

..mais la thèse progresse (ce qui est plutôt une bonne nouvelle vu que ça fait 2 ans et demi que je planche dessus :)

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 13:28

Citation de Tolstoï trouvée en préface du bouquin (que je n'ai pas encore lu) de Mickael Lewis "le casse du siècle" !

 

« Les sujets les plus difficiles peuvent être expliqués à l’esprit le plus lent s’il n’en a pas déjà formé une idée ; mais la chose la plus simple ne peut être expliquée à l’homme le plus intelligent s’il est fermement persuadé qu’il sait déjà, sans l’ombre d’un doute, ce qui se trouve devant lui. »

 

Léon Tolstoï (1897)

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 11:36

Cher tous, un nouveau blog d'économie hétérodoxe vient de se créer !

 

Les articles y sont très intéressants, très fouillés, ceux qui cherchent à mieux comprendre le monde en essayant de mieux comprendre ce que pensent et ce qu'ont pu penser les économistes (et pas seulement ceux du courant dominant..) devraient donc se régaler !

 

Les premiers articles parlent de la manière dont les différentes théories économiques expliquent (ou pas ) les crises, de Say à Walras et Prescott, de Hayek à Friedman, de Marx à Schumpeter, j'attends personnellement avec impatience les billets suivants sur l'explication des crises par la théorie de la régulation et la théorie keynésienne du circuit !

 

Voici le lien : link

 

Bonne lecture

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 14:29

Voici donc, malgré une trêve de 6 mois, 1 an (+ un jour) que le blog des économistes et des Hommes existe ! L'occasion de faire un petit bilan..

 

Le principal reproche qui m'a été fait au cours de cette année a sans aucun doute été mon « acharnement » à critiquer la théorie néoclassique, sur un ton qui plus est relativement acerbe. S'il est indéniable que ces critiques répétées et le ton sur lequel elles ont été proférées ont pu rebuter un certain nombre de personnes et nous priver du même coup d'une partie des débats que j'aurais aimé instaurés, je dirais pour ma gouverne :

1/ Que le blog ne se résume pas qu'à cela.

Et surtout 2/ que ces critiques restent quoiqu'il en soit fondées !

 

Lorsqu'au cours de vos études, vous avez fait un petit détour par un master 2 d'économie à l'université de Toulouse, université dont tous ses profs se félicitent qu'elles figurent quasi-systématiquement en tête des classements des meilleures facs d'éco d'Europe, et que durant ce master :

- La seule théorie sur les cycles que vous apprenez est la théorie des cycles réels, qui explique que le chômage en période crise vient de ce que les salariés souhaitent arrêter de travailler, au grand dam de leur patron, pour maximiser leur bien-être intertemporel.

- On vous explique, via le modèle OG-DG, que pour les keynésiens une politique de relance peut faire baisser le chômage, parce qu'en augmentant ses dépenses l'Etat génère de l'inflation (il ne sait faire que ça), ce qui fait baisser le salaire réel et a donc un effet bénéfique sur l'emploi (puisque même pour leurs keynésiens à eux le chômage vient du niveau trop élevé des salaires). Tandis que pour les autres, les politiques de relance sont inefficaces, équivalence Ricardienne oblige, parce que tout l'argent issu de cette politique va être épargné par les ménages, pour prévenir le jour où des décennies plus tard l'Etat raugmentera ses impôts pour combler les déficits issus de sa politique de relance.

- Vos enseignants sont absolument incapables d'imaginer une explication du chômage autre que part le niveau trop élevé des salaires (comme par exemple au hasard une demande trop faible).

 

Puis qu'au cours de vos études :

- Vous maximisez des centaines de fois des fonctions de production d'entreprises ayant des rendements décroissants, qui vous sont présentés comme la norme.

- La seule théorie sur la détermination des salaires que vous apprenez et réapprenez chaque année, est que les salariés touchent un salaire égal à leur productivité (la détermination des salaires n'aurait absolument rien à voir avec un quelconque rapport de force entre patrons et salariés, on se demande à quoi servent et on pu servir les syndicats).

- Vous apprenez que la protection de l'environnement ne peut se faire qu'au détriment de la croissance, la preuve vous étant apportée par des modèles sans chômage et dans lesquels la production diminue parce qu'il faut prélever des travailleurs dans les industries traditionnelles pour les faire travailler dans les industries liées à l'environnement . Et que ces modèles de plein-emploi sont ceux qui servent à évaluer les coûts de la mise en œuvre du protocole de Kyoto ! Coûts qui expliquent en partie la réticence des gouvernements à mettre en oeuvre ce genre de politiques..

 

Et ce n'est là qu'un petit échantillon..

 

Il est à mon avis assez sain d'entrer (radicalement) en opposition avec ces théories que vous avez passé des centaines d'heures de votre vie à apprendre et à réviser.. Et j'avoue que ne pas le faire (lorsqu'on a conscience de se que décrivent ces modèles) dépasse assez largement mon entendement.

 

De même lorsqu'on lit :

- Que 57% des personnes qui n'ont pas d'emplois en France sont en situation de non-emploi volontaire, c'est-à-dire que si elles le souhaitaient elles pourraient trouver facilement du travail, ce qui signifie qu'il y a potentiellement plusieurs millions d'emplois en France qui seraient à pourvoir, mais qu'on ne  les propose pas aux chômeurs actuels parce qu'ils seraient vraiment trop bêtes pour les occuper. Et que ce travail fait office de référence concernant la situation de l'emploi en France.

- Que des chercheurs reconnus ont écrit et publié un article dans une revue prestigieuse démontrant que la création de postes de fonctionnaires augmentait le chômage, à l'aide d'un modèle d'une débilité si profonde qu'on voit mal à quoi le comparer d'autres dans l'histoire des sciences (à part peut-être les modèles de leurs collègues).

 

 

Et que tout cela ne suscite aucune réaction négative de la part de l'immense majorité des économistes, bien au contraire..

 

Je veux bien qu'on m'explique que l'Etat le plus souvent fait mal son travail, que ses politiques de relance elles servent à rien, que les fonctionnaires grèvent le budget de l'Etat, que les chômeurs y en a un paquet qui le sont parce qu'ils le veulent bien, que protéger l'environnement coûtera forcément des emplois, que les salariés touchent ce qu'ils méritent, que le chômage c'est la faute aux salaires trop élevés, ou  dans un autre registre que les blancs c'est les plus forts, mais alors qu'on le fasse à partir d'arguments un minimum scientifique, et non à partir de modèles ou d'expériences complètement stupides.

 

De même, je veux bien qu'on m'explique que l'ouverture au commerce est bon pour l'économie, mais pas qu'on me le justifie par un ridicule chantage à la guerre. Et je veux bien entendre aussi les arguments de ceux qui pensent que la désindustrialisation de la France n'est pas si grave que ça, mais qu'on ne vienne pas me raconter que ceux qui s'en inquiètent et que les centaines de milliers de travailleurs qui se retrouvent au chômage sans espoir de retrouver un jour du travail sont des fétichistes, en le justifiant par une analogie absurde avec l'industrie pornographique.

 

Bref, peut-être ma manière d'amener tout cela était-elle maladroite je ne sais pas, mais je trouve un peu léger, voir facile, de se contenter de critiquer mon « acharnement » sans jamais ne considérer la bêtise des travaux que je « m'acharne » à critiquer.

 

Mais le blog ne se résume pas qu'à cela.

 

Un certain nombre de billets ont été consacrés à la question de l'origine des profits. L'objectif n'était pas de critiquer les profits etc., comme certains l'ont cru, mais d'essayer de comprendre comment les entreprises peuvent réaliser des profits monétaires à partir des seuls salaires qu'elles ont versées à leurs salariés. Cette question est, vous en conviendrez, essentielle, primordiale, centrale, pour comprendre le fonctionnement des économies. Or, les modèles orthodoxes, qui ne raisonnent pas dans le cadre d'une économie monétaire de production, ne l'abordent jamais. Et la question n'est tout simplement jamais abordée avec les étudiants, qui ont par contre en plusieurs années d'études le temps de revoir plusieurs fois les mêmes modèles orthodoxes. Ce que je dis là c'est quand même du concret, dans une économie où un champ produit 100 kg de patates, s'il n'y a pas de monnaie c'est facile, le propriétaire du champ donne par exemple 70 kg de patates à ses ouvriers et s'en garde 30, c'est son profit. Mais s'il y a de la monnaie, comment le propriétaire, en donnant 70 euros à ses ouvriers (à 1 euro le kilo de patates) peut-il en gagner 100, de manière à faire 30 euros de profits et à pouvoir s'acheter les 30 kg de patates qui lui revenait avant l'arrivée de la monnaie ?  J'attends toujours une réponse. On peut penser ce qu'on veut de la solution, mais il faut au moins en avoir une, et comment expliquer qu'une telle question ne soit jamais abordée à la fac ????? (d'ailleurs, lorsque je la pose à mes étudiants, au milieu des multiples maximisations de fonctions qui forment l'essentiel des exercices du TD et les ennuient, ils ont l'air vraiment intrigués, ont envie de connaître la réponse, redeviennent tout à coup curieux). Mais si vous voulez être considéré par vos pairs, mieux vaut apparemment ne pas se poser cette question.. Quelle que soit son opinion politique, avouez que c'est quand même incroyable et en dit long sur la manière et les biais avec lesquels l'économie est enseignée.

 

Quelques autres billets ont traité du sujet tabou de la planche à billets, et montrer que même un prix Nobel d'économie, même des économistes considérés comme très sérieux, pensent qu'un recours intelligent à la planche à billets pourrait alléger bien des souffrances..

 

Quant aux derniers billets, ils s'attachent à montrer la manière dont les différentes théories économiques traitent d'une question économique donnée. C'est dans cette direction je pense qu'iront les prochains billets.


Je conclue ce billet sans vraiment queue ni tête en remerciant les différentes personnes qui commentent régulièrement ce blog, et tout particulièrement RST et Jean. Moi qui suis assez avare de commentaires sur les autres blogs (mais ne rate pour autant jamais les billets des blogs que j'ai en lien !) avoue apprécier particulièrement les critiques, remarques ou appréciations que je trouve dans vos différents commentaires, et qui sont un encouragement à continuer ainsi qu'une source d'inspiration pour mes futurs billets !

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 19:44

 

Une fois n'est pas coutume, ci-joint un lien vers une vidéo qui n'a rien à voir avec l'économie. S'il n'est plus grand monde aujourd'hui pour défendre la politique de la France au Rwanda au début des années 90, cette vidéo (à côté de nombreuses autres, comme celle où, fin 94, Mitterrand répond en digne négationniste à une question sur le génocide du Rwanda : "De quel génocide voulez-vous parler ? Celui des Tutis ou celui des Hutus") très courte (3 minutes) et poignante, nous rappelle la complicité de la France dans le déclenchement de ce génocide trop prévisible. Quand je dis la complicité de la France, je devrais plutôt dire la complicité de François Mitterrand, qui signe là (avec quelques autres, Védrine, Juppé et compagnie..) une des plus grosse tâche de sang de l'histoire de France.

 

http://www.youtube.com/watch?v=F48mPCXsDcw&feature=share

 

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 13:53

 

Petit coup de sang donc de cette douce semaine printanière : après à peine 5 petit mois d’existence, j’arrête la tenue de ce blog (pour une durée indéterminée..).

 

Plusieurs raisons à cela, la principale étant que ma thèse n'avance que bien trop lentement. Ce n’est pas que le blog me prenait beaucoup de temps, mais il occupait malgré tout un bout de ma mémoire vive et je souhaiterais désormais consacrer la totalité des quelques octets dont la nature a bien voulu gratifier mon cortex à la faire progresser.

 

L’objectif de ce blog était double.


D’une part, montrer que les vérités scientifiques tirées de la théorie économique standard, qui servent à guider les politiques économiques des gouvernements ne sont le plus souvent ni vraies ni scientifiques. J’espère avoir montré aux lecteurs de ce blog, à partir de quelques exemples, que les modèles utilisés par les économistes néoclassiques (orthodoxes, mainstream, comme vous voulez) et les résultats qu’ils en tirent ne cachent le plus souvent derrière leur savante apparence qu’un grand n’importe quoi. Il serait possible de faire le même travail pour chacune des milles théories qui sortent chaque année des cerveaux de nos prolifiques chercheurs, mais à quoi bon puisque cela a déjà été fait à maintes reprises par des économistes hétérodoxes, sans que cela ne gêne le moins du monde nos partisans de la théorie standard. La croyance en ces théories ne peut plus se justifier aujourd’hui à mon avis que par une certaine adhésion idéologique (inconsciente peut-être) aux résultats qu’elles fournissent.

 

Et d’autre part essayer d’amorcer un débat, si possible scientifique, une confrontation par blogs interposés, avec des économistes orthodoxes (pour essayer de les comprendre quoi !). Mais, et c’est la seconde raison qui me pousse à mettre en veille ce blog, ce débat est absolument impossible. Tout simplement parce que, et c’est que j’ai compris au cours de ces derniers mois, les économistes néoclassiques sont incapables eux-mêmes de défendre la théorie sur laquelle ils vont travailler pendant 40 ans, incapables de fournir une réponse cohérente aux questions les plus élémentaires de la science économique. Non mais rendez-vous compte qu’aucun économiste néoclassique n’est capable aujourd’hui d’expliquer comment les entreprises peuvent faire globalement des profits (monétaires, mais c’est un pléonasme aujourd’hui). Ils se cantonnent à leur vision d’une économie amonétaire, de troc, dans laquelle les profits correspondraient à la juste rémunération de la productivité marginale du capital, ce qui n’a pas de sens dès qu’on insère une monnaie dans le système. Comment vouloir enseigner quoi que se soit sur le fonctionnement de l’économie si l’on ne comprend même pas ça ? Après tout, me direz-vous, ce n’est pas si grave, on est là pour chercher. Mais, et c’est là que ça devient inquiétant, non seulement ils ne la savent pas, mais en plus cela ne les préoccupe même pas, ils s’en foutent, tellement persuadés que leur théorie est la bonne et tellement accaparés par leur niche de recherche et leur souhait de faire de la haute recherche, catégorie dans laquelle n’entrent pas ce genre de questions élémentaires. Pire encore ? Un économiste, Kalecki, qu’il faut considérer semble-t-il comme un vulgaire imposteur étant donné que l’écrasante majorité des étudiants en économie du monde font leurs 5 années de fac sans jamais en entendre parler, a proposé une solution logique et élégante à ce problème il y a plus de 70 ans, qui a été reprise depuis par les postkeynésiens et autres penseurs vulgaires, mais les économistes orthodoxes, incapables de lui opposer la moindre critique valable, n’ont en cures, ils se contentent de l’ignorer superbement. Il existe donc une théorie clairement insatisfaisante pour appréhender un point crucial du fonctionnement d’une économie capitaliste que l’on enseigne partout, et une théorie qui l’explique fort bien, à laquelle on ne reproche rien, et qui demeure ultra minoritaire et méprisée par l’écrasante majorité. Que voulez-vous faire ? Vilcoyote me demandait une fois (juste avant de m’affubler de l’adjectif de sous-abruti ou qqc comme ça) comment malgré le caractère disons dégénérée de ma pensée, j’avais pu arriver « si haut » (comprendre : en thèse). Je lui demanderais plutôt comment peut-on arriver si bas ? Bâtir des modèles, passer 40 ans sur sa niche de recherche sans avoir la moindre vision globale du fonctionnement de l’économie, sans ne jamais s’interroger sur les faiblesses de la théorie utilisée ou être piqué de curiosité par ses théories qui, selon leurs auteurs, permettraient de mieux expliquer le fonctionnement du monde. Il est de bon ton j’ai remarqué d’évoquer Bernard Maris dès qu’on veut parler d’un économiste peu sérieux, dont la rigueur scientifique serait foulée aux pieds par l’idéologie. N’empêche que le Bernard, il peut vous expliquer, lui, comment les entreprises peuvent faire globalement un profit monétaire !

 

Pire encore ? Nos économistes néoclassiques sont incapables d’expliquer l’existence de profits monétaires, mais ils sont capables de vous expliquer et de vous démontrer scientifiquement que les chômeurs décident eux-mêmes de se mettre au chômage, ils s’autolicencient en quelque sorte pour maximiser leur utilité intertemporelle, ils sont capables de vous démontrer que les politiques de relance des Etats sont inefficaces parce que les ménages ont un comportement ricardien (Artus et Virard en parlent dans leur dernier livre la liquidité incontrôlable p 111), c’est-à-dire qu’ils mettront tout l’argent donné par l’Etat lors de la relance de côté pour permettre à leurs arrières petits-enfants de rembourser dans 150 ans la dette de l’Etat et maximiser ainsi le bonheur de leur dynastie. Pour cela, justifier l’inefficience des politiques budgétaires, leur imagination est débordante. En revanche étudier l’idée, oh combien incongrue !, selon laquelle le chômage pourrait, même au-delà d’une semaine, trouver son origine dans l’insuffisance de la demande, là il n’y a plus grand monde. Osez cette explication et vous franchissez la barrière invisible qui fait de vous un économiste peu sérieux, ou démago. La lumineuse explication par les cycles réels méritait quant à elle son prix Nobel et sa place dans les programmes de Master. Ou supposer que la protection de l’environnement pourrait créer des emplois et faire baisser le chômage, mais cela est impossible nous expliquent-ils, puisqu’ils étudient les effets des politiques de protection de l’environnement dans des modèles.. de plein-emploi ! Effectivement, dans ce cas il vous sera difficile de trouver quelque chose qui fasse diminuer le chômage. Pour avoir eu une dizaine d’heures de cours sur la crise de 29, voici la réponse (honnête) que nous en faisait notre professeur : les économistes (comprendre néoclassiques, mais les autres sont-ils vraiment des économistes ?) sont, 80 ans après, encore incapable d’expliquer l’ampleur et la longueur de la grande dépression des années 30. Il avait exploré dans sa recherche d’explications toutes les hypothèses, des plus stupides et plus farfelues, des cycles réels aux effets finalement dévastateurs des mesures du New Deal, toutes sauf une : une insuffisance de la demande, qui génère en retour une insuffisance encore plus forte de la demande, puisqu’elle accroît le chômage et diminue les investissements, qui dépendent de la demande anticipée. Je laisse aux sociologues, ou aux psychiatres, le soin de chercher les raisons de cet incroyable blocage idéologique.

 

Mieux encore ? Yannick Bourquin cite dans un de ses billets un article démontrant que la création d’1 emploi dans le public détruit 1,5 emploi dans le privé. S’ensuivent alors les commentaires béats d’une partie de ses lecteurs, trop contents que Yannick ait ainsi tordu le coup aux préjugés qui se sont si longtemps immiscés dans l’esprit des plus nombreux et qui voudraient que si l’Etat crée un emploi dans un pays où les chômeurs se comptent en millions, eh bien il y ait un chômeur de moins. Voir même, plus d’1 chômeur de moins, puisque la personne employée, qui gagnera a priori d’avantage, consommera d’avantage, etc. Bon, mais pourquoi pas, peut-être cette vision est fausse après tout ? Mais encore faudrait-il nous démontrer cela avec un minimum de rigueur scientifique. Je détaille dans un billet le modèle qui sert à l’estimation de ce résultat, modèle qui derrière son apparence savante dévoile son absurdité, son confondant irréalisme. Qu’ai-je comme réponse ? Rien qui ne tente de justifier le modèle (remarquez quelque part c’est rassurant), mais quelques attaques sur ma mauvaise foi, mon incompétence. Il est tout simplement impossible de débattre sur la qualité des modèles utilisés par ces économistes. Non, mais mieux encore, on me répond : « En attendant, ce modèle, malgré ses imperfections, explique pourquoi on trouve EMPIRIQUEMENT que la création de 100 emplois publics détruit 150 emplois privés ». Ah dieu que votre science est jolie ! Que devraient donc répondre, tout en se réclamant d’honnêtes scientifiques, les évangélistes américains qui défendent le créationnisme ? Ok, notre théorie n’est pas parfaite, on a quelques petits soucis avec les datations des fossiles, etc. mais n’empêche qu’en attendant, notre théorie elle explique pourquoi il existe différentes espèces d'animaux dans la nature. On ne sait pas pourquoi ils s’embêtent à trouver des fondements à leurs théories, voici un argument qui fonctionne très bien. Et nos artisans des théories sur l’inégalité des races au XIXe siècle, décrits dans la mal-mesure de l’Homme, qu’auraient-ils dû répondre à leurs détracteurs qui affirmaient que derrière leurs mesures pseudo-scientifiques, ils ne faisaient que valider leurs préjugés racistes ? Eh bien que certes, leurs mesures, les critères retenus, etc. n’avaient rien de scientifiques mais qu’au moins leurs théories racistes permettaient d’expliquer pourquoi il y avait des nations plus "avancées" que d’autres. Ah ouais trop fort, mais ce sont mes critiques qui sont « à côté de la plaque ».

 

Mais mieux encore ? Vous espérez avoir inséré une once, quelle prétention, un quark de doute dans l’esprit de ceux qui publient ce genre d’articles, eh bien non aucune correction n’est apporté au billet pour expliquer à ses lecteurs de prendre le résultat avec prudence car le modèle présenterait quelques « imperfections ». Non bien au contraire, deux semaines plus tard, un nouveau billet du même acabit est publié. Et toujours plus fort : vous retrouvez les mêmes commentaires béats des lecteurs ravis de voir une fois de plus démontés tous ces préjugés. Ah dommage vraiment qu’on n’ait pas su cela avant, si Hoover ou Roosevelt avaient su à temps qu’il suffisait de virer quelques millions de fonctionnaires et de remettre les septuagénaires au travail pour résorber le chômage dans les années 30 !

 

Non mais soyons honnête deux minutes, vous savez pourquoi quelques « économistes » hétérodoxes ne sont pas d’accord avec l’idée selon laquelle les entreprises ne font pas (à l’équilibre) des déséconomies d’échelles, mais des économies d’échelles comme le prétendent les entrepreneurs, ou avec l’idée selon les crises n’auraient pas pour origine une régression technologique générale ? Tout simplement, l’explication vient de notre cher Cyril Hédoin, spécialiste de la question : parce que ces économistes se laissent trop souvent aveugler par leur haine de l’économie de marché. Nous y revoilà, soit le chômage a pour unique origine le niveau trop élevé des salaires, soit vous ne faîtes dans vos travaux que transcrire votre haine du capitalisme. Soit vous êtes un scientifique tel Kydland et Prescott, soit vous vous laissez diriger par vos passions, quand bien même vous êtes payé pour faire de la recherche. Cyril Hédoin qui va bientôt devenir maître de conférence a été tout simplement incapable de répondre à une question, probablement fort bête, mais en tout cas pas bien méchante, que je lui ai posé et qui porte précisément sur son domaine de recherche. Il a préféré supprimé mes commentaires sur son blog et passer outre mes titillements répétés, plutôt que de répondre à cette question, farcie de haine contre l’économie de marché comme vous pouvez le constater : Comment pouvez-vous affirmer que la différence entre la théorie postkeynésienne et la théorie néoclassique est purement d'ordre épistémologique ? Il a tout simplement (c’est mon opinion) préféré ne pas répondre, en espérant qu’on penserait qu’il n’était pas Homme à s’abaisser à répondre à de telles questions, plutôt que d’avouer qu’il se méprend, et de mettre ainsi en doute ce qui fait son fond de commerce scientifique : le côté purement épistémologique des différences entre les divers théories économiques.

 

Bref, je souhaite bon courage à ceux qui cherchent à comprendre les modèles, à discuter ou à débattre avec ces blogueurs, que je laisse dans leur monde magique où les chômeurs sont des fainéants, les salariés des resquilleurs tire-au-flanc surpayés, les politiques des incompétents, les banquiers des escrocs, les inquiets des délocalisations des fétichistes, les mécontents des pessimistes, où l’arbitrage au libre-échange c’est la militarisation, et où la grand malheur de l’Humanité est de ne pas suffisamment écouté ses économistes - qui sont au fond tous d’accord entre eux quand ils ne sont pas rongés par leur haine du marché - ces mêmes économistes qui nous disent depuis plus de 30 ans qu’il faut libéraliser les marchés financiers, laisser flotter les monnaies, déréguler le commerce international, flexibiliser le marché du travail, empêcher les Etats de s’endetter auprès de leurs banques centrales, s’occuper prioritairement de la lutte contre l’inflation et dégraisser ce bon vieil Etat tellement inefficace, pour que notre futur rime à nouveau avec le plein-emploi et une croissance forte, comme ce fut le cas durant les 30 glorieuses où l’on pratiquait des politiques exactement contraires et comme ce ne fut en revanche certainement pas le cas au XIXe siècle et dans le première moitié du XXe, où les choses étaient ainsi. Dans ce monde magique où les données une fois traitées parviennent à vous démontrer les trucs les plus fous, mais comme l’a dit un jour Ronald Coase : "Si vous torturez les données assez longtemps, la nature finira par se confesser."

 

Un petit PS (non mais ça va être dur de décrocher quand même !), en lisant juste avant de publier ce billet, un des derniers billets du blog d’EcoInter et son petit « ah la dimension sociale du protectionnisme ». Pourquoi une telle phrase ? Parce qu’ils présentent un article « démontrant » que les entreprises qui bénéficient de mesures anti-dumping (en fait du protectionnisme caché pour entrepreneurs incompétents vous vous en doutiez !) licencient par la suite pour mieux affronter la concurrence. Et donc que ce protectionnisme caché que sont les mesures anti-dumping créé du chômage, contrairement à ce qu’affirmeraient ses défenseurs. Et évidemment pour le coup ça saute aux yeux ! l’entreprise qui aurait maintenu un effectif pléthorique sans avoir de marchés donc de ressources pour les payer, va en revanche diminuer ses effectifs si elle remporte le marché ! Ah la dimension idéologique du scientifique !

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 11:48

 

Dans cette deuxième partie du billet sur la pensée unique, je reprends chacun des points, présentés dans le livre de Blanchard et Cohen, « sur lesquelles la plupart des économistes sont d’accord » et essaie d’expliquer leurs implications en termes de politiques économiques.

 

 

1) A court terme, les déplacements de la demande globale affectent le produit. Une plus grande confiance des consommateurs, un déficit budgétaire plus important et une croissance plus rapide de la quantité de monnaie sont susceptibles d’augmenter le produit et l’emploi et de diminuer le chômage

 

Cela signifie qu’en cas de crise notamment, une petite relance ou diminution des taux d’intérêts n’est pas mal venue. (Un petit pas pour le commun des mortels mais un grand pas pour l’économiste ! Il lui aura fallu un siècle et demi, une quinzaine de crises au XIXe siècle et de la ravageuse dépression des années 30 pour s’en apercevoir. Avant la fin des années 30, les politiques préconisées consistaient même en l’exact opposé : une contraction des dépenses et un durcissement de la politique monétaire, ce qui accentuait les récessions.)

 

 

2) A moyen terme, le produit revient à son niveau d’équilibre. Ce niveau dépend du taux de chômage structurel (qui, avec la population active, détermine le chômage), du stock de capital et de l’état des techniques.

 

Autrement dit les politiques monétaires et budgétaires peuvent être bien utiles à court terme, mais leurs effets positifs s'évaporent vites et à moyen terme elles ne servent plus à grand-chose. A moyen terme, pour augmenter la croissance, il faut surtout s’attaquer au « taux de chômage structurel ». Et comment s’y prend-on ? Vous l’aurez deviné il faut mettre en œuvre des réformes structurelles. Quelques exemples ? Blanchard et Cohen en évoquent deux dans leur ouvrage : réduire les allocations chômage ou accroître la concurrence

 

Donc qu’est-il conseillé aux gouvernements ? Hors des périodes de crises, rien ne sert de pratiquer des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes pour réduire le chômage et stimuler la croissance, ce qu’il faut ce sont des réformes structurelles. Ce qu’il faut ce sont des déréglementations (pour accroître la concurrence) et diminuer les incitations à la fainéantise pour les chômeurs.

 

 

3) A long terme, deux facteurs principaux déterminent l’évolution du niveau de production. Le premier est l’accumulation de capital, le second est le taux de croissance du progrès technique.

 

Dignes enseignements du modèle de Solow. On remarque que ces deux « facteurs principaux » sont du côté de l’offre. La question de savoir si la demande peut se révéler insuffisante par rapport à l’offre perd apparemment toute sa pertinence à long terme.

 

Et quel est le facteur nécessaire et suffisant à l’accumulation du capital ? La constitution d’une épargne préalable bien évidemment.

 

Donc, gouvernements de tout pays, si vous cherchez à obtenir une croissance forte sur le long terme, ne vous perdez pas en de vaines politiques budgétaires et monétaires qui pourraient stimuler la demande, mais songez plutôt à maintenir un stock d’épargne suffisant.

 

 

4) La politique monétaire affecte le produit à court terme, mais pas à moyen ou à long terme. Un taux de croissance monétaire plus élevé se traduit finalement exactement proportionnellement par un taux d’inflation supérieur.

 

Si encore la politique monétaire n’avait pas d’effets à court terme, on pourrait la laisser aux mains des gouvernements pour qu’ils s’amusent avec. Mais dans ces conditions, non certainement pas ! Ces inconséquents s’en serviraient pour « booster artificiellement » la croissance juste avant leurs élections et se faire réélire, et nous nous retrouverions avec une plus forte inflation sur le long terme (et c’est pas bien).

 

Il semble donc nécessaire que la banque centrale, détentrice de la politique monétaire, soit indépendante du pouvoir politique (autrement dit, soit confiée à des gens raisonnables).

 

 

5) La politique budgétaire a des effets à court terme, à moyen et à long terme sur l’activité. Des déficits budgétaires supérieurs sont susceptibles d’augmenter le produit à court terme. Cependant, il est probable qu’en conséquence, l’accumulation du capital est le produit diminuent à long terme.

 

Donc non seulement la politique budgétaire n’est pas utile sur le moyen terme (point 2), mais en plus elle aurait des effets négatifs sur la croissance de long terme. Il faut donc utiliser la politique budgétaire avec la plus extrême parcimonie.

 

 

6) Les propositions suivantes constituent l’espace de désaccord principal.

  • L’une est la durée du « court terme », la période de temps sur laquelle la demande globale a un impact sur le produit. A un extrême, les théoriciens des cycles réels partent de l’hypothèse que la production est toujours à son niveau naturel : le court terme est très court.. A l’autre extrême, les théories de l’hystérèse du chômage (un concept exploré au chapitre 19) impliquent que les effets de la demande soient très durables, et donc que le court terme soit très long.

 

  • Une autre proposition fait encore l’objet d’un débat entre les économistes. Bien que conceptuellement distincte de la précédente, elle en est très proche. Ceux qui pensent que le produit revient très vite à son niveau de produit naturel veulent évidemment imposer des règles fermes aux politiques monétaire et budgétaire, d’un taux de croissance constant de la masse monétaire à l’obligation de maintenir un budget équilibré. Ceux qui croient que l’ajustement peut être lent se prononcent en faveur de la nécessité de politiques plus flexibles de stabilisation.

 

Mais derrière ces désaccords, il y a un cadre de réflexion en grande partie commun aux macroéconomistes, à l’intérieur duquel la recherche est conduite et organisée. Ce cadre nous offre une façon d’interpréter les événements et de discuter les projets politiques.

 

Les théories de l’hystérèse du chômage, c’est l’idée que si un chômeur ne trouve pas de travail pendant un certain temps, il va finir pas devenir moins compétent et par se décourager. Donc une diminution de la demande sur le court terme (pléonasme, vu que quand on parle de déficit de demande, on est forcément sur le court terme !) peut générer du chômage à long terme, dans la mesure où le chômeur, qui aurait du retrouver du travail dès le moyen terme venu et donc l’insuffisance de demande résorbée, sera devenu soit trop pataud pour qu’une entreprise veuille de lui, soit trop abattu pour quérir un emploi qui lui tend les bras.

 

Par conséquent, si dans cette théorie une diminution de la demande peut induire des effets à long terme, ce n’est pas parce que la demande pourrait être insuffisante à long terme (ce qui serait le véritable point de débat) mais parce qu’une insuffisance passagère de la demande à court terme, en mettant des personnes au chômage temporairement (le temps que le court terme se finisse) pourrait par la perte de compétence et de motivation du chômeur, aboutir à générer du chômage de long terme.

 

L’un des principaux désaccords entre les économistes, nous expliquent donc Blanchard et Cohen, est que :

 

-  les uns prétendent que la demande n’a quasiment aucun effet, même à court terme

 

- tandis que d’autres pensent à « l’autre extrême » que la demande, qui ne peut être insuffisante qu’à court terme, pourrait générer du chômage de long terme via les « théories de l’hystérèse ».

 

On imagine la vigueur des débats !

 

Deuxième point de discorde, assez semblable au premier :

 

- il y a ceux qui pensent que les budgétaires et monétaires ne produisent leurs effets que sur le très court terme, autrement dit sont quasiment inutiles

 

- et ceux qui pensent que le retour au produit naturel, c’est-à-dire le moment où ces politiques deviendront inefficaces et où les éventuels effets bénéfiques qu’elles auraient eu à court terme auront disparu, peut prendre un poil plus de temps.

 

Mais malgré ses profondes dissensions, rassurons-nous il y a un cadre de réflexion en grande partie commun aux macroéconomistes.

 

Je résume donc le package « politique économique » qui fait consensus parmi les économistes :

 

- Indépendance des banques centrales, les gouvernements ne doivent pas influencer la politique monétaire

 

- En temps de crise (c’est-à-dire grosso modo 1 à 2 années tous les 10 ans dans la définition "consensuelle" de la crise), les politiques budgétaires et monétaires peuvent avoir un effet positif sur l’activité.

 

- Par contre, le reste du temps, même si la situation est exécrable il est illusoire de penser pouvoir résorber le chômage ou relancer l’activité par des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes. A l’opposé de l’effet recherché, ces politiques ne feraient que générer de l’inflation et diminuer la croissance de long terme. Ce qu’il faut, ce sont des réformes structurelles, qui s’apparentent le plus souvent à une levée du « carcan réglementaire » qui empêche la pleine libération des « forces de la croissance ».

 

- Et autre énorme point de consensus parmi les économistes, que Blanchard et Cohen n’évoquent pas : la diminution des restrictions au libre-échange mondial est une bonne chose tandis que toute tentation protectionniste en serait une très mauvaise. Or le libre-échange entre des pays très différents sur le plan économique et social, c’est une contrainte permanente pour les sociétés concernées : une hausse des salaires et de l’inflation induisent une perte de compétitivité au niveau international, une hausse des impôts ou un durcissement de la réglementation également.

 

 

 

Or tout ceci ne vous évoque rien ?

 

Tout ceci constitue le terreau qui a servi de justification à l’essentiel des politiques économiques menées depuis 30 ans. Tout ceci constitue l’exacte ligne de conduite que se font fixés les gouvernements en matière de politique économique depuis 30 ans. Et tout ceci a lamentablement échoué depuis 30 ans (persistance d’un chômage de masse, augmentation des inégalités, paupérisation d’une partie de la population, tous trois sources du développement de la délinquance et de l’exclusion, endettement excessif des Etats, soumis aux marchés financiers, croissance faible, perte de confiance envers l’avenir, etc. etc. etc.)..

 

..tandis que la majorité des économistes ne se remettent aucunement en question, proposant même souvent d’accélerer les "réformes", persuadés que seule la lenteur de leur mise en place puisse expliquer la médiocrité de la situation.

 

Si vous rentrez dans ce consensus, c’est a priori que vous être quelqu’un de sérieux, d’appliqué, de raisonnable. Dans le cas contraire, votre critique de la pensée dominante ne peut consister qu’en un « artifice rhétorique », comme le fait remarquer si intelligemment Cyril Hédoin sur son blog (http://rationalitelimitee.wordpress.com/2010/02/17/de-la-necessite-du-pluralisme/). Si vous vous appelez Cyril Hédoin et que vous appartenez au courant dominant, vous avez le droit d’écrire de vibrants plaidoyers en faveur du pluralisme en économie, de parler des théories hétérodoxes que vous n’avez jamais étudiées et d’appeler de vos vœux que les économistes orthodoxes insèrent à la marge de leur recherche quelques notions hétérodoxes totalement décontextualisées. Mais si vous vous situez  en dehors du courant dominant et que vous critiquez le paradigme néoclassique, alors que comme tout bon étudiant en économie aujourd’hui vous avez suivi 5 années de cours entièrement axés sur cette théorie (ce qui représente quand même plusieurs centaines d’heures!), vous ne pouvez être qu’une personne obtus et de mauvaise foi.

 

Toutes ces questions de politiques économiques qui font consensus ont des fondements très majoritairement néoclassiques, mais si vous vous appelez Cyril Hédoin et autres blogueurs assurément iconoclastes, vous pouvez affirmer que le paradigme néoclassique « n’existe probablement plus » et balayer d’un revers de main les critiques purement démagogiques d’un certain d’André Orléan. Ces critiques dès qu’elles dépassent un certain seuil sont toutes balayées de la sorte car, et c’est profondément inscrit dans l’esprit de nos gardiens de la vraie science économique, elles ne peuvent pas émaner de gens sérieux..

 

Trois petites questions pour finir, à tous les défenseurs de l'idée "la théorie néoclassique n'existe plus, vous vous battez contre des moulins à vents" :

 

Lesquels de ces points consensuels évoqués par Blanchard et Cohen ne tirent pas leur source du paradigme néoclassique ?

 

Si vous peinez à en trouver, comment dès lors affirmer que ce paradigme n’existe plus ? Et comment affirmer que ce n’est pas ce paradigme qui gouverne le monde économique aujourd’hui ?

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 12:22

Le concept de « pensée unique » exprime l'idée qu’il existe un très large consensus parmi les principaux "décideurs" du monde (Hommes politiques, économistes..) quant aux politiques économiques à conduire.

 

Ce large consensus fait qu’un gouvernement dit de gauche aura tendance à ne pas conduire une politique économique foncièrement différente d’un gouvernement dit de droite.

 

Cette convergence de vues n’est a priori pas condamnable en soi : il doit bien exister une politique économique plus performante que les autres (tout du moins pour une situation donnée). Donc si une écrasante majorité d’économistes et d’Hommes politiques sont d’accord sur les politiques économiques à suivre, ce pourrait être tout simplement dû non pas à un quelconque conformisme ou à une méprise collective, mais au fait qu’ils ont tous, tout simplement.. raisons, qu’ils ont tous bien identifiés les problèmes et les meilleures solutions pour y remédier.

 

Et comment douter qu’autant d’esprits savants puissent se tromper ? Ce serait incroyable, inédit dans l’histoire moderne, insensé !

 

Toutefois, malgré l’avalanche de titres et de mines appliquées, quelques menus détails pourraient inciter l’esprit malingre à s’interroger. Notre énorme, phénoménale, capacité à produire de la richesse ne devrait-elle pas nous faire vivre dans l’opulence la plus extrême, ne devrait-elle pas parvenir peu à peu à nous extraire du travail, et à envisager avec quelques insouciance et optimisme notre avenir et celui de nos enfants ?

 

Or la réalité est tout autre, le chômage est massif, la misère du monde insupportable, les inégalités se creusent, les Etats se surendettent, l’environnement se détériore de façon alarmante, notre qualité de vie tend à diminuer, les hôpitaux et autres caprices oiseux se « restructurent », on nous dit qu’il va falloir travailler plus, s’activer un peu, alors quand on se met à penser à l’avenir..

 

Mais les lois naturelles de l’économie sont peut-être si dures que cela, et nécessitent peut-être tout ce sacrifice. Alors pourrait-on s’estimer heureux d’avoir nos dirigeants et nos économistes, et que la situation ne soit pas pire..

 

Pourtant, quelques vagues réminiscences semblent nous rappeler qu’à une époque récente ces mêmes lois paraissaient moins dures, en même temps que des politiques très différentes étaient menées. Sans oublier que ce que la recherche en économie comporte d’élites a le plus souvent lamentablement échoué, lorsqu’il s’est agit de s’occuper de quelques pays en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud ou en Europe de l’Est..

 

‘fin bref, à peine 30 billets et je radote déjà.. Tout ça pour dire que :

- Pensée unique ou très large consensus il y a.

- Mais que tout cela ne doit pas suffire à vous convaincre de la pertinence de cette pensée. A la fois parce que ses fondements théoriques sont complètement irréalistes (cf. précédents billets) et parce qu’un rapide coup d’œil sur la réalité devrait inciter à la plus grande circonspection..

 

Bon, mais c’est quoi alors ces points sur lesquels une écrasante majorité d’économistes et (donc) d’Hommes politiques s’accordent ?

 

La chose étant extrêmement bien définie dans le dernier chapitre du livre Macroéconomie de Blanchard et Cohen intitulé Des conclusions consensuelles (chapitre 26.5, 4e édition, p 618), je me contenterais ici d’un copier-coller de ce chapitre (qui devrait en outre m’éviter tout reproche de subjectivité dans la présentation de ces différents points).

 

Donc bonne lecture !

Et la discussion continue.. fort prochainement !

 

« 26.5 Des conclusions consensuelles

 

Comme nous arrivons à la fin de cet ouvrage, il est temps de présenter l’ensemble des propositions sur lesquelles la plupart des économistes sont d’accord.

  • A court terme, les déplacements de la demande globale affectent le produit. Une plus grande confiance des consommateurs, un déficit budgétaire plus important et une croissance plus rapide de la quantité de monnaie sont susceptibles d’augmenter le produit et l’emploi et de diminuer le chômage
  • A moyen terme, le produit revient à son niveau d’équilibre. Ce niveau dépend du taux de chômage structurel (qui, avec la population active, détermine le chômage), du stock de capital et de l’état des techniques.
  • A long terme, deux facteurs principaux déterminent l’évolution du niveau de production. Le premier est l’accumulation de capital, le second est le taux de croissance du progrès technique.
  • La politique monétaire affecte le produit à court terme, mais pas à moyen ou à long terme. Un taux de croissance monétaire plus élevé se traduit finalement exactement proportionnellement par un taux d’inflation supérieur.
  • La politique budgétaire a des effets à court terme, à moyen et à long terme sur l’activité. Des déficits budgétaires supérieurs sont susceptibles d’augmenter le produit à court terme. Cependant, il est probable qu’en conséquence, l’accumulation du capital est le produit diminuent à long terme.

 

Les propositions suivantes constituent l’espace de désaccord principal.

  • L’une est la durée du « court terme », la période de temps sur laquelle la demande globale a un impact sur le produit. A un extrême, les théoriciens des cycles réels partent de l’hypothèse que la production est toujours à son niveau naturel : le court terme est très court.. A l’autre extrême, les théories de l’hystérèse du chômage (un concept exploré au chapitre 19) impliquent que les effets de la demande soient très durables, et donc que le court terme soit très long.
  • Une autre proposition fait encore l’objet d’un débat entre les économistes. Bien que conceptuellement distincte de la précédente, elle en est très proche. Ceux qui pensent que le produit revient très vite à son niveau de produit naturel veulent évidemment imposer des règles fermes aux politiques monétaire et budgétaire, d’un taux de croissance constant de la masse monétaire à l’obligation de maintenir un budget équilibré. Ceux qui croient que l’ajustement peut être lent se prononcent en faveur de la nécessité de politiques plus flexibles de stabilisation.

 

Mais derrière ces désaccords, il y a un cadre de réflexion en grande partie commun aux macroéconomistes, à l’intérieur duquel la recherche est conduite et organisée. Ce cadre nous offre une façon d’interpréter les événements et de discuter les projets politiques. »

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 09:51
Bonjour,

Ci-joint un lien vers un petit film fort sympathique sur l'économie sociale et solidaire qui vient d'être réalisé pour le compte du CRESS (Centre Régional de l'Economie Sociale et Solidaire) Pays de la Loire :

http://www.laviedepaul.com


Ce film sera bientôt accompagné d’un mini livret pédagogique destiné à faire mieux connaître ce secteur de l'économie, à retrouver sur le site du CRESS :

http://www.cress-pdl.org/



Bon film !!
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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 11:58

Je voulais réagir au billet de Yannick Bourquin posté la semaine dernière. Une semaine un peu chargée explique la lenteur de la réaction !

 

Ce sera un billet assez rapide, car je ne veux pas passer trop de temps là-dessus, je souhaiterais juste tempérer l’optimisme béat des commentateurs de ce billet, persuadés que Yannick aurait donné là un coup fatal à pas mal « d’abrutis » (d’hétérodoxes ?).

 

Premièrement, sur les concepts de néolibéralisme / ultralibéralisme, j’aurais tendance à dire peu importe leur définition exacte, ce qui est certain c’est qu’il existe une pensée ultradominante dans les élites économiques et politiques du monde (capitaliste) depuis 30 ans (souvent appelée, du fait de son hégémonie, pensée unique) qui est d’inspiration fortement libérale. Et notamment d’inspiration beaucoup plus libérale que celle qui a existé durant les 3 décennies qui ont suivies la seconde guerre mondiale.

 

Et Yannick tu écris (je me permets le tutoiement, c'est plus percutant!, en espérant que ça ne te/vous dérange pas) « Pour ma part, je suis en désaccord avec l'idée que les marchés doivent tous être dérégulés. Pourtant, je prône l'usage des marchés chaque fois que cela est possible et préférable à une intervention coûteuse de l'Etat. Alors, suis-je néolibéral ou pas ? ». Néolibéral peu importe, ce qui est certain c’est que tu es, tes billets le montre, totalement dans cette « pensée unique* » (ce n’est pas une insulte bien-sûr, même si c’est regrettable !). Tout comme les « têtes » du parti socialiste, le MODEM, l’UMP, etc. le sont. La grande différence entre tous ces partis réside aujourd’hui d’avantage dans le degré de répartition des richesses que dans les politiques économiques à mener, qui font relativement consensus. Or, ce que proposent les économistes hétérodoxes notamment, ce sont des politiques économiques radicalement différentes de celles menées aujourd’hui.


Alors selon le niveau de rejet de la pensée unique ou le degré d’agacement de la personne qui est en face de toi, elle te reprochera d’être tantôt néolibéral ou ultralibéral, franchement peu importe, tu adhères à cette pensée ultradominante ou unique, voilà la ligne qui mérite une réelle démarcation.

 

 

Deuxièmement, il est difficile de nier que les travaux des économistes néoclassiques, ou plus globalement orthodoxes, ont constitué et constituent la principale source d’inspiration de cette pensée unique (et l’économie publique n’échappe pas à la règle). Et si être de gauche c’est être contre cette pensée unique (et pas simplement voter pour le PS), alors je pense aussi effectivement, comme Gilles, qu’un économiste orthodoxe ne peut pas être de gauche (ou alors il renie ses travaux).

 

 

Troisièmement, sur les théories orthodoxes et la théorie néoclassique, tu essaies d’expliquer qu’elles peuvent être très éloignées, tout en écrivant : « Plus précisément, l'économie orthodoxe inclut des fondements néoclassiques mais ne se réduit pas à ça, loin de là ! ». On est donc d’accord, la théorie orthodoxe est dans ses fondements néoclassiques. Après on peut rajouter là-dessus quelques hypothèses non néoclassiques, au final le tout change si peu que pas et se fond parfaitement bien dans ce que j’appelle depuis tout à l’heure la pensée unique.

 

 

Enfin, lire que l’économie de l’information et l’économie comportementale étaient des théories hétérodoxes m’agace profondément. L’économie hétérodoxe ce n’est pas n’importe quoi, ni un ramassis de bouts de théories minoritaires ou originales. Une théorie hétérodoxe c’est une théorie économique globale qui explique le fonctionnement de l’économie d’une manière radicalement différente de la théorie néoclassique. Et j’ai hâte de voir des modèles orthodoxes s’enrichir du principe de la demande effective telle que la définit Marc Lavoie au début de son livre l’économie postkeynésienne.

 

 

 

* Je ne précise pas d'avantage ce concept de « pensée unique », parce que cela prendrait au moins un billet à lui tout seul, et que je pense qu'il parle relativement bien aux gens. Mais si certains le demandent, j’essaierais d’écrire un billet dessus ou d’indiquer quelques liens.

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