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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 15:42

 

Bonjour à tous, pour cause de périple lointain je m’absente pendant une quinzaine de jours et bloque donc à nouveau les commentaires, auxquels je ne pourrais pas répondre.

 

En attendant la suite, je vous propose un petit résumé des points de vues défendus dans ce blog au cours de son premier mois d'existence :

 

1/ La théorie néoclassique, théorie ultra-dominante en économie actuellement, constitue une très très mauvaise représentation de la réalité (qu’elle peine d’ailleurs grandement à expliquer).

 

2/ Cette mauvaise représentation de la réalité conduit les économistes à prodiguer, en toute bonne foi, de mauvais conseils aux gouvernements.

 

3/ Ces mauvais conseils expliquent la persistance d’une situation économique et sociale exécrable en Europe et dans le reste du monde, terreau de milles autres maux.

 

4/ Malgré cela, pour différentes raisons (grosso modo les mêmes que celles évoquées 70 ans plus tôt par Keynes concernant le succès de la théorie Ricardienne, cf. « passage du Keynes sur les raisons du succès des théories orthodoxes ») la théorie néoclassique demeure plus que jamais dominante dans le monde de la recherche.

 

5/ En termes de politiques économiques, deux points cruciaux empêchent les économistes néoclassiques de prodiguer de bons conseils aux gouvernements :

- ils négligent l’importance de la demande

- ils ne s’intéressent pas aux effets déstabilisateurs sur l’économie d’une monnaie dont l’existence ne repose que sur l’endettement des agents.

 

6/ Lorsqu’un de ses deux verrous a sauté (celui de la demande), l’Europe a connu sa plus longue période de prospérité et de plein-emploi (les 30 glorieuses). Si l’on parvient à faire sauter les deux, la résolution du problème économique (et tous les problèmes attenants) pourrait se révéler beaucoup plus simple que ce que deux siècles de déboires économiques et sociaux et de mauvaises pistes suivies pourraient le laisser penser.

 

Tout cela appelle deux remarques en guise de conclusion :

 

- il faut garder espoir en l’avenir car le développement d’un monde juste, viable et vivable ne tient probablement qu’à une modification des politiques économiques et monétaires conduites par les gouvernements.

 

- chaque souffrance ou décès dû directement ou indirectement aux conditions économiques et sociales déplorables du monde actuel ne résulte d’aucune loi économique sacrée et inéluctable comme voudraient nous le faire croire certains économistes, mais constitue juste un énorme gâchis, dont les économistes sont les ingénus et irresponsables complices.

 

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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 10:29

 

Par je ne sais quelle aubaine je viens de tomber sur la très confidentielle missive, signée par tous les plus célèbres économistes du monde et l’ensemble des titulaires du « prix Nobel d’économie », qui devait être envoyée aux chefs d’Etat peu avant le début du sommet de Copenhague.

 

La voici :

 

 

 

Mesdames Messieurs les décideurs,

 

Etant entendu que les changements climatiques actuels pourraient, si l’on n’adopte pas des politiques adéquates dès aujourd’hui, bouleverser les équilibres écologiques fondamentaux de notre planète et par conséquent les conditions d’existence même des êtres humains.

Etant entendu que chacun d’entre vous a conscience de la gravité de la situation, mais que tous les efforts, toutes les bonnes volontés, se heurtent aux coûts économiques que devrait représenter la protection de l’environnement, et plus spécifiquement la limitation des émissions de gaz à effets de serre.

Nous souhaitons, en nos qualités d’experts en économie, vous proposer une voie à suivre pour affronter ce défi majeur du réchauffement climatique sans nuire au fonctionnement de l’économie mondiale.

 

L’Agence Internationale de l’Energie a estimé qu’il serait nécessaire d’investir chaque année 1100 milliards de dollars par an, soit à peu près 1,1% du PIB mondial, pour limiter la hausse des températures à 2 degrés.

Etant entendu qu’il est préférable de vivre un peu plus endetté, que de mourir un peu moins endetté.

Nous demandons à l’ensemble des Nations, en omettant les pays les moins avancés trop lourdement endettés, et plus spécifiquement aux membres du G20, de réaliser cet effort en acceptant d’accroître chaque année d’un peu plus de 1% leurs déficits budgétaires (ces lignes de crédit pouvant provenir directement des Banques Centrales).

Nous demandons plus spécifiquement à l’Union Européenne d’accepter, pour cette raison, que le déficit budgétaire maximal de ses membres passe de 3 à 4%.

 

Etant entendu que ce déficit initial de 1% participerait à la relance de l’économie, et générerait donc en retour des recettes fiscales plus importantes.

Etant entendu qu’il éviterait les coûts liés aux réparations des dégâts provoqués par un trop important réchauffement du climat.

Le déficit final serait en conséquence chaque année bien plus faible que les 1% initiaux et d’après nos calculs trop faible pour craindre un emballement ou une trop forte augmentation de la dette*.

 

Si toute la question est de savoir que choisir entre des Etats dont la dette est de quelques points supérieure à ce qu’elle aurait dû être si nous n’avions rien fait et un avenir plus qu’incertain, qui pourrait se révéler catastrophique, alors il n’y a pas de questions à se poser.

Si, à la suite de la crise de 29, les Etats avaient accepté de s’endetter pour relancer l’économie et faire baisser le chômage, leur dette aurait peut-être été de quelques points supérieure à ce qu’elle a été au cours des années 30, mais la seconde guerre mondiale aurait très probablement été évité.

Essayons de ne pas commettre les mêmes erreurs que nos prédécesseurs, et d’éviter une nouvelle catastrophe.

 

En espérant que notre appel sera entendu, nous vous demandons, Mesdames Messieurs les décideurs, d’agir sans vous soucier du problème économique, qui est en réalité, nous vous l’assurons désormais, mineur dans cette histoire.

 

Merci par avance..


* Une simple simulation indique que la dette pourrait être en moyenne en 2050 de 15 à 20 points supérieure à ce qu'elle aurait été, si rien n'est fait. Montant dérisoire en regard des enjeux.

 

 

 

Une lettre de ce type n’existe bien évidemment pas. Les économistes,qui ,sauf exceptions, évoquent à tort les coûts importants en terme de croissance de la lutte contre le réchauffement climatique tout en disant espérer de leurs vœux un accord improbable entre les différentes nations, se gardent bien de proposer des solutions qu’ils n’ont pas aux politiques.

 

Ecoutez-les, dans des émissions comme "l’économie en questions" sur France Culture (affligeant de bout en bout !), ou la vidéo de Christian de Perthuis ici (http://www.rce-revue.com/?q=node/276), ils blablatent, beaucoup, déplorent, souvent, proposent, jamais, et que de banalités n’entendons-nous pas ! Bernard Maris écrivait il y a presque vingt ans qu’il n’y a pas une chose que disent nos économistes dans les médias qui ne sorte du lieu commun, écoutez comme cela est vrai pour la question du réchauffement climatique. On repart aussi bête qu’on est arrivé, avec en prime l’impression que c’est la seule couardise des Hommes politiques qui empêchent la conclusion d’un accord.

 

Mais ce sont eux, insoupçonnables derrière leurs titres d'experts et bien trop savants pour s'abaisser à proposer des scénarios concrets, qui les placent au pied du mur.

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 15:36

 

L’attribution d’une majorité des fonds du « grand emprunt » aux universités tient du très consensuel grand-mythe-de-la-compétitivité-qui-va-résoudre-tous-nos-problèmes. L’idée qui sous-tend ce mythe est la suivante : si on « met le paquet » sur les universités, si l’on accepte de travailler dur, alors l’ardeur et le génie français permettront à la France d’accroître sa compétitivité, de piquer les juteux marchés de ses voisins, et donc de voir sa production de richesses augmenter et son chômage diminuer.

 

Quelques remarques sur le sujet.

 

Première remarque : ce mythe comme dernier recours quand on a privé l’Etat de la majorité de ses leviers en termes de politique économique.

 

Avant de se poser la question de la justesse de ce mythe, il faut déjà voir qu’il est indispensable aux Hommes politiques et aux économistes pour justifier les politiques économiques passées et l’état actuel de nos économies.

 

Les politiques économiques inspirées par les économistes et pratiquées par les politiciens depuis 30 n’ont en rien résolu nos problèmes (au contraire, elles ont même accru les inégalités et le chômage). Qui plus est, elles ont privé l’Etat de la plupart de ses leviers en matière de politiques économiques. La mondialisation actuelle fait que toute hausse des taux d’impositions, tout progrès social ou réglementation environnementale induit une perte de compétitivité sur le plan international. Toute politique de relance creusera le déficit de la balance commerciale. Et l’indépendance de la Banque Centrale fait que l’Etat a perdu son pouvoir de politique monétaire et est aujourd’hui totalement dépendant des marchés financiers pour financer sa dette (on voit les problèmes que ça pose avec le cas de la Grèce par exemple).

 

Donc du fait de ces politiques, nous nous retrouvons avec une situation économique et sociale exécrable et en plus un Etat impuissant qui n’a plus les moyens de remédier à cette situation. Dès lors, la seule voie qui reste est de faire croire et de se faire croire que l’on arrivera à résoudre nos problèmes de chômage etc. en devenant les champions de la mondialisation, les plus forts de la compétition.

 

Si l’on cherche à maintenir le statu quo, il n’y a a priori pas d’autres possibilités.

 

De plus, cela permet de parler du futur avec entrain (préférable quand on doit se faire réélire) et a le mérite à la fois de justifier les politiques passées et de culpabiliser la population (si il y a du chômage, ce n’est pas à cause de nos choix économiques, c’est parce que vous les français vous n’êtes pas assez audacieux, travailleurs, entreprenants, innovants, etc., donc la France pas assez compétitive, mais rassurez-vous avec un peu de bonne volonté tout cela peut changer !).

 

 

Deuxième remarque : ce mythe est inexact.

 

Non seulement ce mythe est la seule voie possible quand on accepte de ne rien changer, ce qui explique qu’on en use et en abuse, mais en plus il est inexact.

 

Je ne m’attarderais pas sur point, regardons juste les données de l’Allemagne. L’Allemagne est le pays champion incontesté de la compétition internationale, champion des exportations, le pays sans cesse cité en référence par nos Hommes politiques, avec une balance commerciale supérieure chaque année à 150 voir 200 milliards de dollars. Or regardons ses autres données économiques : le taux de chômage de l’Allemagne était en 2008 de 7,8% (au-dessus même du taux français qui était à l’époque de 7,4%*), la dette publique représentait en 2008 66% du PIB (soit deux petits points de moins que la France qui était à 68%) et les inégalités ont d’avantage progressé en Allemagne ces vingt dernières années qu’en France. Etre super compétitif ne suffit donc apparemment pas à résoudre les problèmes économiques et sociaux actuels !

 

 

Troisième remarque : donner l’essentiel des fonds du grand emprunt aux universités est stupide et contre-productif.

 

Certes les universités et les labos de recherche ont besoins d’argent, mais comme les hôpitaux, les écoles, les constructions de logements sociaux, d'infrastructures publiques en général, les prisons, etc..

 

Il me semble donc particulièrement inopportun de consacrer l’essentiel de l’effort du grand emprunt sur les universités, quand tout le reste (et notamment  notre système de santé chaque année un peu plus privatisé !) s’effrite. Surtout que cet argent ne va dans un premier temps servir à rien, puisque c’est une dotation donnée aux universités qu’elles devront placer (sur les marchés financiers).

 

Et on peut sérieusement se poser la question de savoir à quoi serviront les dividendes de l’argent placé. Qu’ils améliorent un peu la recherche et les conditions de travail des chercheurs, sans aucun doute et c’est tant mieux. Mais cela ne représentera à mon avis qu’une petite part des sommes. Beaucoup de cet argent risque d’être utilisé pour des dépenses de prestige ou purement opportunistes (quand il y aurait tellement d’autres choses à faire).

 

Pour preuve j’avais assisté à une conférence d’un sociologue il y a 2 ans**, qui avait étudié ce qu’était devenu la dotation donnée par l’Etat à l’université d'économie de Toulouse pour fonder la prestigieuse « Toulouse School of Economics ». Eh bien, ne sachant trop que faire de tout cet argent, les chercheurs en économie de Toulouse avaient décidé d’un commun accord de s’octroyer 4000 euros à chaque fois qu’il publierait un article dans une revue prestigieuse. De prestigieux professeurs ont été invités pour des conférences à plusieurs dizaines de milliers d’euros, etc. (on n’imagine pas mais un prof d’économie d’une université parisienne me racontait que le prix des conférences, etc. que donne Stiglitz à sciences-po Paris se chiffre chaque année à plus d’une centaine de milliers d’euros***).

 

Alors si une partie de l’argent doit servir à ça.. En tout cas c’est sûr il ne relancera pas l’économie, ni ne fera baisser le chômage. Dommage parce qu’avec 16 milliards, on pouvait en faire des trucs.. (Espérons au moins que cet argent ne servira pas à "doter" les universités d'économie, parce qu'alors ce serait un véritable gâchis ;-)

 

Mais le mythe demeure, l’idéologie est préservée et la remise en cause est repoussée.

 

 

 

 

* D’après les estimations du CIA World Fact Book.

 

** Alors je m’excuse mais je n’arrive pas à retrouver le nom du sociologue et de la conférence, mais je suis assez sûr de mon souvenir concernant les chiffres que j’avance.

 

*** Mais je n’ai pas vérifié le chiffre, qui doit être j’imagine difficile à trouver.

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 14:01
C’est vendredi, alors aujourd’hui un billet un peu plus léger avec cette histoire-fiction (dont toute ressemblance avec la réalité ne serait bien évidemment que purement fortuite) :

un billet plus légerujourd'Imaginons :

 

Le monde est entièrement communiste. Un communisme original puisque, bien que toujours dirigiste sur le plan économique, il soit démocratique sur le plan politique.

 

Malheureusement, ce système fonctionne fort mal, la misère est la règle dans cette Humanité et l’environnement est sacrifié jusqu’à parfois atteindre des points de non-retour. S’attaquer à la misère humaine est déclaré prioritaire, mais la succession de beaux discours sur le sujet ne parvient à la faire diminuer, et la planète court à sa perte.

 

Un économiste mondialement reconnu écrivait d’ailleurs récemment à ce propos : « Aujourd'hui, le communisme, ça ne marche pas. Ca ne marche pas pour les pauvres du monde. Ca ne marche pas pour l'environnement. Ca ne marche pas pour la stabilité de l'économie mondiale. ».

 

Tout le monde a bien conscience que la situation n’est pas satisfaisante et que l’avenir pourrait même s’annoncer apocalyptique si l’on ne mène pas rapidement et vigoureusement une action internationale de protection de l’environnement :

 

- Les peuples, qui expriment leur mécontentement en votant quasi-systématiquement contre le parti au pouvoir aux élections. Seulement les Hommes politiques changent et les problèmes demeurent, alors de plus en plus de citoyens se détournent de cette liberté politique durement acquise.

 

- Et les gouvernements, qu’on accuse de tous les maux, mais qui souhaiteraient sincèrement pourtant améliorer la situation de leur peuple, ne serait-ce que parce qu’ils ne sont pas totalement cyniques. Et puis cela leur assurerait en outre popularité et réélection.

 

Malheureusement pour l’Humanité, la situation n’est pas si simple à résoudre, et cela les économistes l’ont bien compris.

 

Pas tous les économistes néanmoins, car il en existe quelques uns qui refusent encore d’admettre la réalité, prétendent que la résolution de ces problèmes est probablement beaucoup plus simple qu’on ne le croît et qu’il suffirait pour cela de mener des politiques économiques radicalement différentes de celles conduites jusqu’à présent.

 

Que préconisent par exemple ces économistes réfractaires ? Qu’en instaurant un minimum de concurrence au lieu de la centralisation actuelle, cela générerait une certaine émulation entre les entreprises, qui les obligeraient à innover et à accroître leur productivité, pour ne pas perdre des marchés désormais libres, ce qui devrait se traduire par une hausse de la production.

 

Mais ces propos agacent beaucoup les Marxistes, courant dominant de l’économie. Ces derniers reprochent à leurs détracteurs d’être des impérialistes ou des démagogues, qui n’auraient pas lu ou mal compris l’œuvre des grands maîtres de l’économie, et notamment celle de Marx. N’ont-ils donc pas lu qu’un tel système ne peut que générer de l’exploitation ? Un peu de concurrence aurait peut-être un effet bénéfique à court terme, mais à long terme c’est la baisse tendancielle du taux de profit et la crise finale de l’économie assurée, et nous serons tous perdants ! Une telle mesure constituerait un vrai retour en arrière, un retour à l’Europe du XIXe siècle. Est-ce vraiment cela que veulent ces prétendus économistes ??

 

Non, le problème est ailleurs, mais les économistes des courants minoritaires refusent de le regarder en face, car la vérité n’est pas toujours belle à dire, ni facile à accepter. Le problème c’est que malgré la révolution, malgré les réformes entreprises ces 30 dernières années, ils restent encore des capitalistes, des bourgeois qui profitent du système. Et c’est à ces catégories-là de la population que l’on doit s’attaquer si l’on souhaite retrouver le monde idéal décrit dans les manuels d’économie.

 

Car ce que l’on apprend dans presque toutes les universités du monde, ce qu’affirment tous les grands noms de l’économie (même les lauréats du très prestigieux Prix Engels de l’économie !), bref ce que dit la théorie, c’est qu’un tel système ne peut qu’apporter travail et prospérité à tout un chacun. Certes par définition la réalité est plus complexe que les modèles, mais depuis l’œuvre de pères fondateurs de l’économie, des milliers de modèles tentant d’intégrer toujours plus finement la réalité ont été bâti, des dizaines de milliers de tests économétriques ont été effectués, et ils confirment dans l’ensemble les conclusions des premiers modèles. Alors qu’on ne reproche pas aux économistes du courant dominant de ne pas tenir compte de la réalité !!

 

Récemment, le très renommé économiste Salaniovitch a ainsi démontré que 57%(1) des pauvres ne consommaient pas d’avantage tout simplement.. parce qu’ils n’en avaient pas envie. C’est donc que la misère n’est pas si grande que cela, ni la frustration provoquée par la précarité des conditions matérielles. On lui fit remarquer que si les pauvres pouvaient consommer d’avantage et ne le souhaitaient pas, ils devaient alors disposer de comptes bancaires bien garnis. Eh oui, à force de consommer moins que ce que leurs revenus leur permettaient, ils ont du accumuler une coquette somme d’argent. Or, un constat rapide indique que leurs comptes sont désespérément vides.

 

Pourtant un beau jour, un gouvernement un poil plus téméraire que les autres décide de libéraliser en douceur certains pans de son économie, en maintenant toutefois de nombreux garde-fous, une réglementation forte ainsi qu’un Etat actif. Et la production se mît à croître, le progrès à se diffuser, comme aucun économiste Marxiste ne l’aurait alors imaginé.

 

Les économistes prédirent alors que le pays en question bénéficiait de conditions particulières, qui justifiaient cette soudaine croissance, mais qu’il ne fallait pas se laisser berner, tout cela n’allait pas durer.

 

C’est pourtant ce qui se produit, l’économie continua à croître, le progrès à se diffuser et la qualité de vie des gens à s’améliorer. Petit à petit de plus en plus de pays se convertirent à se nouveau système, et le sort de l’Humanité et de la planète s’en trouva grandement amélioré.

 

Dans les livres d’histoire on ne parle plus maintenant de cette époque communiste comme d’une époque réellement insensée, au cours de laquelle la pauvreté et la surmortalité n’étaient souhaitées par personne, mais provoquées par la mauvaise interprétation que les experts en économie se faisaient de l’économie. Les étudiants qui apprennent cette période de l’histoire ne comprennent pas comment autant d’esprits aussi savants ont pu croire à cette histoire de crise finale du capitalisme. L’équation de la baisse tendancielle du taux de profit ne tenait pas la route, elle omet un certain nombre de phénomènes et notamment le fait que nous vivons dans une économie monétaire, que les profits sont réalisés en monnaie. Les enfants demanderont naïvement à leurs institutrices et instituteurs si les gens étaient « plus bêtes » à l’époque, et ces derniers essaieront de leur expliquer que tout cela n’est pas une question d’intelligence, mais qu’il est particulièrement difficile de s’extraire de la vision du monde que l’on s’est forgé, tout comme il aurait été difficile d’imaginer pour un Gaulois que le ciel ne pouvait pas tomber et pour un Homme médiéval que la Terre pouvait être autre chose que plate.

 

 

(1) cf. billet sur « une décomposition du non-emploi en France »
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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 16:45

Bon mais ce n’est pas tout de critiquer, il faut aussi proposer autre chose.

 

Dans les premiers billets nous avons évoqué ce qui constituait, pour les économistes hétérodoxes, une des principales faiblesses du capitalisme (et plus globalement d’une économie monétaire de production) : son incapacité à générer, seul, une demande suffisante relativement à l’offre. Cette faiblesse se résout néanmoins fort bien, il suffit de mettre en place un système de régulation dans lequel les salaires croissent au rythme de la productivité et l’Etat accompagne la croissance en conduisant notamment des politiques permettant de maintenir le plein-emploi. Cela nécessite une réglementation sociale forte et en constante évolution ainsi qu’un Etat disposant d’une certaine marge de manœuvre (ce que lui ôte la mondialisation actuelle).

 

Ce système de régulation fut mis en place durant les 30 glorieuses, avec le succès qu’on lui connaît, nous en avons déjà parlé (cf. les deux articles sur les mystérieuses 30 glorieuses). Toutefois, si ce système de régulation a été abandonné à partir du milieu des années 70, c’est qu’il ne devait pas être parfait. Nous ne sommes pas passés de l’Etat providence à la mondialisation néolibérale à cause du cynisme ou de la vénalité de quelques-uns, mais bel et bien parce que le premier système semblait souffrir de lacunes qu’on espérait voir combler par le second !

 

Ces lacunes sont, à notre avis, la face visible de la seconde grande faiblesse du capitalisme : les mécanismes de création monétaire actuels. Cette seconde grande faiblesse n’est pas consubstantielle au capitalisme, mais a toujours existé depuis son avènement. Tout comme la première grande faiblesse évoquée plus haut, il est possible de la résoudre, relativement facilement, sans avoir à renverser le système.

 

Pour bien comprendre cette faiblesse, il faut que nous évoquions les mécanismes de création et destruction monétaire.

 

Dans une économie en croissance, dans laquelle le volume de richesses et le niveau des prix augmente (presque) chaque année, il est nécessaire qu’il y ait toujours plus d’argent pour permettre à l’ensemble des biens et services produits de s’échanger. Ainsi la quantité de monnaie en France augmente chaque année de plusieurs dizaines, voir centaines, de milliards d’euros. La grande question est alors de savoir comment apparaît ce nouvel argent ? Dans la manière dont le système s’est construit petit à petit, il a été choisi de ne laisser à personne le pouvoir de créer cet argent supplémentaire nécessaire, sans contrepartie. Le risque était bien sûr que les personnes concernées (particulièrement l’Etat) n’abusent pas de cette création monétaire.

 

C’est pour cette raison que le système suivant a été mis en place. Aujourd’hui seules les banques ont le droit de créer de l’argent à partir de rien, lorsqu’un client leur demande un crédit et qu’elles n’ont pas d’assez d’épargne à leur disposition, ce qui permet à la quantité de monnaie d’augmenter chaque année. Les milliers de milliards d’équivalent dollar ou euro qui apparaissent chaque année n’ont donc quasi-exclusivement d’une seule origine : la création de monnaie induite par l’octroi par les banques de crédits à des ménages, des entreprises ou des Etats. Mais cet argent, créé à partir de rien, n’est pas de l’argent que les banques s’offrent à elles-mêmes sans contrepartie, c’est un prêt que les banques se font à elles-mêmes et qu’elles devront se rembourser, en détruisant la totalité de l’argent créé.

 

(??)

 

Je m’explique : imaginez que vous demandiez un crédit de 1000 euros à votre banque et qu’elle n’ait plus aucun sous disponible sur ses comptes. Elle a le droit, c’est la loi et elle est la seule à pouvoir le faire, de créer ces 1000 euros à partir de rien. Il lui suffit de rajouter 1000 euros sur votre compte informatiquement et d’écrire sur son compte à elle qu’elle vient de créer 1000 euros à partir de rien. La quantité d’argent dans l’économie a donc augmenté de 1000 euros. Maintenant supposons que vous remboursez votre crédit, avec 100 euros d’intérêt, soit 1100 euros que vous donnez à votre banque. Que va-t-il se passer ? La banque va garder les 100 euros, qui serviront à payer ses employés, etc. et à accroître son profit, mais va par contre détruire les 1000 euros qu’elle vous avait prêté et créé à partir de rien. C’est la loi, elle est obligée et elle ne profite donc pas directement de l’argent qu’elle crée à partir de rien. Il ne lui reste alors plus qu’à écrire sur votre comptes que les 1000 euros qu’elle vous avait prêté ont été remboursés, et sur son compte à elle que les 1000 euros qu’elle avait créé à partir de rien ont également été remboursés et détruits.

 

L’argent ainsi créé ne l’a donc été que temporairement, entre le moment où le crédit a été émis et le moment où il a été remboursé. Et c’en est ainsi pour la quasi-totalité de la monnaie qui circule dans le monde : on dit que notre monnaie est temporaire. Et si la quantité de monnaie augmente chaque année dans le monde, c’est que chaque année les volumes de nouveaux crédits créateurs de monnaie émis par les banques sont supérieurs aux volumes de remboursements de crédits destructeurs de monnaie. Seconde conséquence de ces mécanismes de création monétaire, la monnaie n’augmente que lorsqu’un crédit est émis et donc que lorsque la dette de quelqu’un augmente. On comprend tout de suite le problème, plus il y a de monnaie plus il y a de dettes, c’est obligatoire ! On dit que notre monnaie est une monnaie d’endettement.

 

On comprend également tout l’intérêt d’un tel système : il évite tout risque de création monétaire abusive. En effet, les banques n’ont pas intérêt à créer trop d’argent à partir de rien en en prêtant à n’importe qui, puisqu’après elles devront se rembourser cet argent en le détruisant. Et si quelqu’un ne rembourse pas son crédit, elles devront alors puiser dans leurs profits pour rembourser et détruire l’argent manquant. De même pour les autres agents économiques et l’Etat, à chaque fois qu’ils auront besoin de plus d’argent qu’ils n’en reçoivent ils ne pourront pas le créer eux-mêmes mais devront se tourner vers une banque (ou des marchés financiers) et donc devront s’endetter. Ils auront donc intérêt à bien faire attention à la quantité d’argent qu’ils demandent, ou alors ils risquent de trop s’endetter et éprouveront des difficultés à rembourser leur dette et à se refaire prêter de l’argent.

 

Mais le côté pervers du système saute également aux yeux. Plus nous croissons, plus nous avons besoin d’argent et plus nous sommes endettés. Notre économie se peut se construire que sur une montagne de dettes, il n’y a pas d’autres choix puisqu’il n’y a pas d’autres moyens de créer de l’argent et que nous avons besoin chaque année de plus d’argent pour financer notre économie !

 

Ainsi, il circule en France actuellement plus de 1600 milliards d’euros. En négligeant le fait que nous devons de l’argent à l’étranger et que l’étranger nous doit de l’argent, cela veut dire qu’il doit y avoir au moins 1600 milliards d’euros de dette en France. Après cette dette se répartit entre les ménages, l’Etat et les entreprises (répartition qui varie selon les pays), ce qui explique que tout le monde, et notamment tous les Etats, soient très endettés ! Si les Etats n’étaient pas endettés, il y aurait moitié moins d’argent dans l’économie et ce serait une catastrophe, ou alors ce serait les ménages ou les entreprises qui seraient plus endettés, mais dans ce cas on ne voit pas en quoi ce serait plus ou moins grave !

 

Donc, tout ça pour dire que les mécanismes de création et destruction monétaire sont à l’origine d’un énorme problème dans nos économies : leur endettement généralisé, source d’une instabilité incroyable et facteur de déclenchement et d’aggravation des crises indéniables. Voici le second gros problème du capitalisme. Et voici pourquoi les 30 glorieuses, toutes glorieuses qu’elles aient été, n’ont pu constituées la phase achevée et heureuse du capitalisme. Elles se sont heurtées au mur de l’endettement nécessaire provoqué par la création monétaire, notamment en ce qui concerne les dettes des Etats. Et certains économistes, trop contents de voir ce système, qui fonctionnait si bien et qu’ils comprenaient si mal, battre de l’aile, se sont précipités pour proposer leurs remèdes, ce qui a aggravé le mal et nous a conduit à la mondialisation néolibérale actuelle.

 

Mais si nous modifions les mécanismes de création monétaire actuels pour passer d’une monnaie temporaire et d’endettement à une monnaie permanente (ce qu’un certain nombre d’économistes appellent de leur vœux, nous en reparlerons dans un prochain billet), c’est-à-dire une monnaie qui ne nécessite pas un endettement généralisé des économies pour exister, et que nous revenons à un système de régulation proche de celui des 30 glorieuses, alors, et j’en suis intimement convaincu, nous parviendrons à débarrasser le monde de la très grande majorité de ses problèmes économiques en un temps record, qui en surprendrait plus d’un.

 

Sachant que le progrès technique permet aux Hommes de produire en moyenne chaque année 3% de plus que l’année précédente, sans bosser plus, ni plus durement, la principale question de politique économique que l’on devrait alors se poser (et que l’on aurait du se poser il y a deux siècles si on avait pris les bonnes décisions au bon moment) deviendrait  : que fait-on de ces 3% de gains de productivité annuels ? :

 

- Va-t-on consommer 3% de plus ? (Consommation au sens large, englobe les besoins matériels et immatériels, comme se faire soigner, pratiquer des loisirs ou partir en vacances par exemple)

 

- Va-t-on travailler 3% de moins ?

 

- Ou va-t-on faire un peu des 2 ?

 

Et nous quitterions (enfin) l’époque des catastrophes économiques et de ses horreurs pour nous tourner vers le « véritable et permanant » problème de notre existence, comme l’a dit Keynes, que faire de notre nouvelle « liberté arrachée aux contraintes économiques ? ».

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 16:14

Le libéralisme et l’altermondialisme (réformiste) sont deux doctrines favorables à la liberté d’entreprendre et à l’existence d’un Etat offrant un cadre juridique qui garantit les libertés individuelles. Elles s’opposent en cela au communisme, à l’anarchisme ou aux totalitarismes.

 

Le libéralisme puise ses source dans les théories économiques orthodoxes et l’altermondialisme pour partie dans les théories économiques hétérodoxes.

 

Leur principale différence tient dans le rôle que doit jouer l’Etat dans l’économie.

 

Pour les partisans du libéralisme, tout ce qui contraint ou influence les décisions des agents économiques est, hormis quelques exceptions, néfaste pour l’économie. Les réglementations économiques des Etats entrent dans ce cadre. Mais néfaste pour l’économie ne signifie pas mauvais pour la société, ainsi un économiste libéral peut être favorable à l’existence d’un revenu ou d’un salaire minimum par exemple, pour des raisons de justice sociale ou autre, même s’il pense que cela est globalement mauvais économiquement. Il y a donc sans cesse un arbitrage à faire entre plus de social et plus d’économie.

 

Le libéralisme s’étend aujourd’hui du néolibéralisme à la social-démocratie. Pour les néolibéraux, il est nécessaire de réduire au maximum la présence de l’Etat dans l’économie. Ainsi la production de richesses sera maximum et tout le monde y gagnera. Pour les sociaux-démocrates l’Etat a un double-rôle a joué. D’une part il doit stabiliser l’économie en période de crise. D’autre part il a un rôle à jouer en période « normale », mais pas tant dans la gestion de l’économie que dans le traitement social des maux inhérents au fonctionnement d’une économie capitaliste, principalement les inégalités et le chômage. L’Etat doit donc assurer une redistribution des richesses produites au profit des plus pauvres et des chômeurs, mais doit intervenir le moins possible dans le fonctionnement de l’économie, car c’est ainsi que le maximum de richesses sera produit. Il en va de même pour la mondialisation. Les partisans du libéralisme sont généralement très favorables au libre-échange et à l’abaissement des barrières douanières, car en diminuant les contraintes cela augmente la richesse produite. Ils refusent donc le protectionnisme mais les sociaux-démocrates proposent, comme précédemment, un traitement social (versement d’allocations, de complément de salaires) des effets pervers du libre-échange : délocalisation, diminution des salaires des moins qualifiés, etc. Le problème est que l’impôt est également considéré comme un mal nécessaire par les libéraux. Et bien souvent leurs bonnes intentions (réduction des inégalités, etc.) se heurtent aux bienfaits supposés des baisses d’impôts.

 

La vision de la société chez les partisans du libéralisme est alors fortement dépendante de leur représentation de l’économie. Ainsi, si certains peuvent s’émouvoir de côté consumériste pris par nos sociétés, peu oseront proposer des politiques pour lutter contre, car la crainte que cela perturbe l’économie et ne fasse finalement qu’aggraver la situation actuelle est bien trop forte. De même, si certains craignent que l’extension du libre-échange et une mondialisation essentiellement axée sur la compétition, la production et la consommation finissent par broyer la culture et l’identité (sic) des peuples au profit d’uneHHHHHHH Humanité uniformément mercantile et matérialiste, peu oseront critiquer la mondialisation actuelle car telle serait la marche à suivre (le prix à payer) pour une croissance mondiale plus forte et donc une réduction de la pauvreté et du chômage.

 

Pour les altermondialistes réformistes, une économie capitaliste est fortement instable, génératrice d’énormes gâchis tout autant que d’énormes richesses, et d’une grande injustice. L’Etat a donc un rôle fondamental à jouer dans l’économie, pour accompagner et dans certains domaines guider la croissance économique. La réglementation économique n’est pas vue comme un frein à l’activité économique, parfois nécessaire, mais au contraire comme la source d’une plus forte et meilleure « croissance ». L’existence du salaire minimum, par exemple, évite que les salaires soient trop faibles, donc accroît la consommation, la demande, et stimule en plus l’innovation. Le bénéfice économique est donc double. Concernant l’innovation, on remarque en effet que, pour un niveau de développement comparable, les pays où les salaires sont les plus élevés sont ceux où les employés ont la plus forte productivité et inversement (le cas en Europe entre la France, championne de la productivité, et l’Angleterre, avec des salaires et une productivité plus faibles, est à ce titre très parlant). La logique est la suivante : avec des salaires plus élevés, les chefs d’entreprise chercheront à « économiser » de la main-d’œuvre et donc à la rendre plus productive. Charge alors à l’Etat de maintenir le plein-emploi par des politiques adéquats (élever la demande au niveau de l’offre) et la production de richesses sera plus importante.

 

Les altermondialistes sont donc beaucoup plus optimistes quant aux effets d’une intervention modérée de l’Etat dans l’économie. Leur meilleur exemple restant les 30 glorieuses (bien sûr ! cf. billets précédents), période durant laquelle le rôle important joué par l’Etat dans l’économie a coïncidé avec l’une des plus longues et plus vigoureuses période de croissance et de plein-emploi de l’histoire couplée à l’une des plus forte amélioration de la qualité de vie des peuples jamais observée.

 

Dès lors, si les Etats (et donc les peuples) peuvent améliorer et orienter le fonctionnement des économies, tout ce qui paraît impossible aux théoriciens libéraux redevient possible. Il est possible de concilier protection sociale et plein-emploi, protection environnementale et croissance et même décroissance (donc diminution de la consommation) et plein-emploi ! Nous reviendrons sur tous ces points dans de prochains billets.

 

Une limite actuelle à l’efficacité des politiques économiques est le libre-échange mondial, qui contraint l’Etat dans nombre de ses choix (augmenter les impôts c’est accroître l’exode fiscal des plus riches, augmenter les charges ou les salaires c’est accroître les délocalisations, augmenter la dépense publique c’est accroître le déficit commercial). C’est pourquoi une majorité d’altermondialistes sont pour réintroduire une certaine dose de protectionnisme, les politiques économiques des Etats retrouveraient alors leur efficacité et les peuples la pleine maîtrise de leur avenir.

 

On voit donc que pour les partisans du libéralisme il est nécessaire de laisser l’économie guider le monde, car cela constitue la condition nécessaire à l’efficacité. Tandis que pour les altermondialistes, les peuples, par l’intermédiaire des Etats, peuvent rester maîtres de leur avenir, pour leur plus grand bien-être et sans nuire à l’efficacité économique, bien au contraire.

 

La raison de cette divergence n’est pas idéologique (tout le monde préfèrerait a priori la seconde voie) mais tient dans la conception que l’on a de l’économie. Et c’est là tout le drame de ces deux derniers siècles. Le monde ne va pas mal à cause du cynisme de quelques-uns ('fin un peu quand même), mais surtout parce que nos gouvernements libéraux, éduqués à l’orthodoxie économique, sont persuadés de faire le mieux qu’ils peuvent mais se représentent le fonctionnement de l’économie de manière erronée (en passant notamment à côté de l’importance de la demande, mais ça vous le savez déjà !) et prennent donc des décisions inappropriées. Si la représentation la plus juste de l’économie est celle des hétérodoxes et des altermondialistes, alors les politiques menées depuis 30 ans notamment sont totalement contre-productives et sources d’un énorme gâchis, en terme de chômage, de pauvreté et donc de bien-être et de vies humaines.

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 19:14

Selon que l’on est un économiste orthodoxe ou hétérodoxe, on aura une vision radicelement différente du monde et des voies d’avenir qui s’offrent à l’Humanité.

 

A force de l’entendre, de vivre dedans, nous avons tous tendance à posséder une vision majoritairement orthodoxe de l’économie. Nous pensons que l’économie est gouvernée par des lois qui, malheureusement, vont bien souvent à l’encontre de notre idéal de société. Et que, par conséquent, l’économie se résume à une question d’arbitrage entre ce qui serait bon pour la société et ce qui est économiquement viable, entre ce qui serait nécessaire et ce qu’il est possible de faire.

 

La politique c’est choisir, et la politique économique ce serait faire des choix cruels. Que voulons-nous ? Des salaires plus faibles ou du chômage ? L’environnement ou la croissance ? Un système de santé moins performant ou creuser le trou de la sécu ? Rationner l’aide aux personnes en difficulté, limiter le développement des infrastructures publiques, réduire le nombre de fonctionnaire, abolir le système de retraite par répartition ou accroître la dette de l’Etat, aux chiffres déjà colossaux (1 200 000 000 000 d’euros à peu près) et appauvrir nos enfants ?

 

Nous sommes tous à peu près convaincu que choisir entre ces différentes options est inéluctable, et que ces questions vont se poser avec de plus en plus d’acuité au cours des prochaines années. C’est pour beaucoup la source d’une terrible frustration, et même parfois d’une grande angoisse (j’ai un ami tellement angoissé par la dette de l’Etat Français qu’il en fait des cauchemars la nuit !). Mais faire de tels choix nous paraît également sensé et cohérent. Après tout on ne peut pas tout avoir, le beurre et l’argent du beurre (le tonneau plein et la femme ivre comme on dit en Italie), le temps et l’argent, il faut choisir !

 

Ce sentiment d’impuissance à améliorer le sort de l’Humanité procure au contraire un grand prestige intellectuel à l’économiste orthodoxe. S’avouer expert mais impuissant, prétendre qu’il est impossible d’améliorer significativement la situation même en le souhaitant, parce qu'on se heurterait aux lois de l'économie, voilà qui donne l’image d’un homme raisonnable, réfléchi et sans passion, voilà qui donne l’image d’un homme sage.

 

En revanche celui qui prétend qu’il est possible, dès aujourd’hui, de combattre le chômage et la misère sous toutes ces formes, d’atteindre en quelques années le plein-emploi sans creuser le déficit de l’Etat, bien au contraire, tout en améliorant significativement la protection de l’environnement et la qualité des services publics, celui-là ne peut que passer pour un doux rêveur (au mieux), un utopiste, un gars à côté de ses pompes, qui refusent de regarder la réalité en face. Et s’il prétend qu’il est possible de réaliser tout cela en conservant le système économique capitaliste, la liberté d’entreprendre, sans aucunement bouleverser notre manière de vivre et de travailler, les seuls changements étant de voir nos proches retrouver du travail, de ne plus craindre la faillite le l’Etat, l’appauvrissement de la nation, une cataclysme environnemental, le chômage de longue durée et de renouer avec une vision optimiste de l’avenir, alors on baisse les yeux, gênés pour lui, par sa naïveté, la grossièreté de ce qu’il vient d’affirmer.

 

Pourtant, sachez qu’il existe actuellement des milliers de chercheurs (hétérodoxes) en économie à travers le monde, qui sont pleinement convaincu que cet autre monde est possible, dès aujourd’hui. Ce ne sont ni des fous, ni des gens qui se voilent la face ou cherchent à tout prix à paraître sympathiques, mais des personnes qui croient très sincèrement en ce qu’ils affirment, qui pensent que nos déboires économiques présents et passés constituent un énorme gâchis (de bien-être, de talents et de vies humaines) provoqué avant tout par les mauvais conseils que les économistes du courant dominant prodiguent aux gouvernements, non par cynisme mais par incompétence, par mauvaise interprétation du fonctionnement de l’économie.

 

Etre un économiste hétérodoxe c’est notamment penser cela, c’est penser que la majorité des économistes (et donc des gouvernements) se fourvoient complètement depuis deux siècles, qu’il existe une bien meilleure interprétation de l’économie que celle dominante actuellement, mais qui n’est jamais parvenue à s’imposer (fait qui serait quasiment inédit dans l’histoire scientifique contemporaine) et que cette interprétation ouvre la voie à des politiques économiques qui débarrasseraient le monde (peut-être en une décennie, voir deux) de la majorité de ses problèmes économiques. Cela paraît extrêmement difficile à croire, extravagant. Mais tout l’objectif de ce blog va être d’essayer de vous en convaincre, en vous décrivant d’une part les fondements théoriques de la pensée économique dominante et en vous présentant d’autre part l’approche hétérodoxe.

 

Bernard Maris (Maître de Conférences en économie, chroniqueur sur France Inter et auteur de nombreux livres sur l’économie) compare les économistes du courant dominant aux médecins du moyen-âge(1), qui ne comprenaient rien au fonctionnement du corps humain et suggéraient des remèdes qui le plus souvent accentuaient le mal. Mais comme ils étaient considérés comme experts dans ce domaine et que la société n’avait personne d’autres vers qui se tourner, leurs conseils étaient considérés comme parole d’évangile et plus le mal progressait, plus on se fiait à eux, plus on suivait avec assiduité leur recommandation.

 

De nombreux livres écrits par des économistes (par exemple : la théorie économique dominante : un siècle d’imposture d’Elie Sadigh, le plein-emploi ou le chaos d’Alain Parguez) essaient d’expliquer toute l’absurdité des fondements de la théorie orthodoxe. J’aimerais parvenir à vous convaincre que ces auteurs ne sont pas des fous, mais ont au contraire résisté à l’aveuglement et à la facilité de l’adoption de la théorie majoritaire.

 

Herbert Simon (prix Nobel d'économie 1978) : "Si elle (la théorie micro-économique néoclassique) est fausse, pourquoi ne pas s’en débarrasser ? Je pense que les manuels sont scandaleux. Je pense qu’exposer de jeunes esprits impressionnables à cet exercice scolastique, comme s’il disait quelque chose sur le monde réel, est scandaleux." (2)

 

Keynes a écrit : « Ainsi donc l'auteur de ces essais, malgré tous ces coassements, continue d'espérer et de croire que le jour n'est pas éloigné où le Problème Economique sera refoulé à la place qui lui revient : l'arrière-plan ».

 

Allez, si on aimerait tous que ce soit vrai, j’espère parvenir à vous montrer que, sans perdre sa tête ni des yeux la réalité, on peut sincèrement et raisonnablement y croire !

 

(1) dans son livre « des économistes au-dessus de tout soupçon : ou la grande mascarade des prévisions ».

(2) citation tiré du site autisme-economie.org (que je recommande !)

 

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 19:28

On s’intéresse ici à ce qui constitue la principale différence notable entre les différents courants économiques : le rôle de la demande dans la croissance économique. Selon que l’on accorde plus ou moins d’importance à cette notion, on aura tendance à se classer dans tel ou tel courant économique.

 

Ainsi, voici comment il est possible de résumer les positions des différents courants économiques relatives à la demande :

 

- Pour le courant néoclassique, la demande joue un rôle mineur, voir inexistant, dans le fonctionnement d’une économie. Le principal problème est du côté de l’offre, de la capacité des entreprises à produire. La demande suivra toujours. Il ne sert donc à rien de s’intéresser à la demande, ou de la relancer en période de crise. En revanche, il est nécessaire de réduire au maximum les contraintes pesant sur les entreprises, afin qu’elles puissent produire et innover le plus possible, ce qui générera automatiquement la demande la plus grande possible.

 

- Pour le courant néokeynésien, la demande constitue également une variable mineure dans les analyses de moyen et long terme. Elle peut en revanche se révéler insuffisante sur de courtes périodes, en période de crisespar exemple, et l’Etat doit alors intervenir pour la relancer. Mais il doit se garder de le faire trop massivement ou trop longtemps car cela serait inutile, génèrerait de l’inflation et coûterait fort cher. 

 

- En revanche, pour une majorité de courants hétérodoxes, la demande joue dans les économies capitalistes un rôle fondamental, moteur, dans l’économie. Le système capitaliste permet de générer une incroyable production de richesses, la capacité des économies à croître tient alors principalement dans leur capacité à générer une demande suffisante, capable « d’acheter » cette production. Y être parvenu constitue la clef principale de la réussite des économies européennes au cours des 30 glorieuses. Le chômage de masse actuel viendrait quant à lui de l’incapacité à générer une demande suffisante dans un monde libre-échangiste avec des Etats effacées. L’Etat a donc un rôle fondamental à jouer au cours de la croissance économique : celui d’accompagner la demande pour la maintenir au niveau de l’offre.

 

Une petite querelle théorique de la sorte recèle, nous le verrons dans un prochain commentaire, des différences fondamentales dans la conduite de la politique économique, dans la lutte contre le chômage et la pauvreté. Créez deux mondes, un dominé par les économistes orthodoxes et un par les économistes hétérodoxes, et vous aurez deux mondes radicalement différents. Nous verrons comment de simples querelles de théoriciens et leurs issues peuvent décider de l’avenir du monde !

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 19:25

Il existe en économie différents courants de pensée, qui s’opposent radicalement les uns aux autres. Leurs désaccords portent sur des questions aussi essentielles que l’origine de la valeur des biens, l’origine des profits, l’importance de la demande dans l’économie, le degré de rationalité des agents, la formation des taux d’intérêts, le caractère endogène ou non de la création monétaire, et puis plus globalement sur tous les sujets possibles et imaginables en économie.

 

Ces différents courants peuvent être classés en deux grandes catégories : les courants orthodoxes et hétérodoxes.

 

Le courant orthodoxe est le courant majoritaire en économie, celui auquel adhère la majorité des économistes, celui qui est enseigné dans la plupart des universités du monde et donc celui dont se réclame la plupart des économistes présents dans les médias. Il regroupe essentiellement deux théories :

 

- La théorie néoclassique, inventée à la fin du XIXe siècle, qui constitue depuis le début du XXe siècle la théorie dominante en économie et le socle de l’ensemble des théories orthodoxes. Cette théorie s’appuie sur deux concepts centraux sur lesquelles nous reviendrons et qui la distingue alors des théories existantes : l’utilité marginale et la loi des rendements décroissants.

 

- Et la théorie néokeynésienne (enseignée sous le nom de théorie keynésienne aux étudiants) apparue à la suite de la publication par Keynes de son œuvre majeure et du désir d’un certain nombre d’économistes néoclassiques alors d’insérer le message de Keynes dans le cadre néoclassique. Si cette théorie diffère sur plusieurs points de la théorie néoclassique, elle en conserve tout de même les hypothèses et résultats essentiels ainsi que la méthodologie.

 

Les divergences peuvent parfois être importantes, mais globalement ces deux courants se rejoignent et constituent les fondements théoriques d’une pensée politique commune : le libéralisme.

 

Plusieurs courants de pensée se sont toujours radicalement opposés au courant orthodoxe. L’ensemble de ces courants forme la pensée économique hétérodoxe. Ces courants ont toujours été minoritaires et la plupart des étudiants n’en ont jamais entendu parlés. Etant donné que le principal point commun aux différentes théories hétérodoxes est leur opposition à la pensée orthodoxe, ce courant regroupe de nombreuses théories, parfois très différentes. Je me contenterais donc ici de présenter ce qui me semble être les deux principaux courants de la pensée hétérodoxe aujourd’hui, qui forment qui plus est un ensemble relativement homogène (et je m’excuse promptement auprès des Marxistes, courant encore très différent de ces deux-là et dont, par souci de simplicité, je ne parlerais pas !) :

 

- La théorie postkeynésienne, qui s’appuie à l’origine sur les œuvres de Keynes et de Kalecki. Malgré la proximité sémantique, cette théorie est très différente de la théorie néokeynésienne. Keynes, dont l’œuvre a marqué un tournant dans l’histoire de l’économie, s’est tantôt montré très virulent à l’égard de la théorie néoclassique et tantôt plutôt proche, ce qui explique que deux théories fortement opposées puissent se réclamer de ce même auteur ! Cette théorie constitue aujourd’hui le principal courant de pensée hétérodoxe.

 

- Et la théorie de la régulation, qui est apparue à la fin des années 70 pour expliquer notamment les différences observées entre la crise des années 70 et celles des années 30 et du XIXe siècle, point qui faisait alors beaucoup débat. Cette théorie raisonne en appliquant un schéma explicatif spécifique aux différentes phases qu’a connues le capitalisme, chaque schéma résultant de la modification intrinsèque ou politique du schéma précédent. Cette théorie permet de disposer d’un cadre simple et cohérent pour comprendre les caractéristiques propres de ces différentes phases (la récurrence et la violence des crises, la vigueur de la croissance, les variations du niveau des prix et des salaires principalement).

 

Une majorité d’économistes hétérodoxes se rejoignent dans un courant de pensée politique (qui me semble après moultes réflexions être le plus approprié) : l’altermondialisme. Le mouvement altermondialiste est extrêmement hétéroclite, c’est pourquoi je précise le sens que je lui donne : par altermondialisme, je fais référence essentiellement à la manière dont ce mouvement est incarné par l’association ATTAC, c’est-à-dire l’altermondialisme réformiste. Nous reviendrons dans un prochain « billet » sur la distinction entre libéralisme et altermondialisme.

 

Comme je l’ai dit précédemment, il existe d’autres courants actuellement dont je ne parlerais pas ici. Mais il faut savoir qu’il a existé également par le passé plusieurs courants économiques qui aujourd’hui n’existent plus. Le plus célèbre d’entre eux est le courant « classique », apparu au XVIIIe siècle avec Adam Smith, qui a dominé la science économique tout au long du XIXe siècle. Les termes classique et néoclassique donnent l’idée d’une filiation entre ces deux courants. En réalité, ils sont extrêmement différents sur le plan théorique, la théorie postkeynésienne étant sur de nombreux points bien plus proche de la théorie classique que la théorie néoclassique. La filiation est plutôt politique dans la mesure où ces deux courants sont globalement très favorables au (attention l’anachronisme !) libéralisme.

 

On comprend que selon l’idée que l’on se fait de l’économie, on aura une interprétation radicalement différente des problèmes économiques qui se posent à l’Humanité aujourd’hui et de la manière de les affronter.

 

Voilà tout l’enjeu des débats qui secouent, divisent et déchaînent haines et passions entre les économistes !

 

 

Pour ceux qui veulent aller plus loin, je conseille de lire :

- sur la théorie postkeynésienne, le livre de Marc Lavoie "l’Economie Postkeynésienne"

- sur la théorie de la régulation, l’article de Benassy Boyer et Gelpi "régulation des économies capitalistes et inflation" paru en 1979 dans la revue économique

- et sur la théorie néoclassique, le livre de Bernard Guerrien "la théorie économique néoclassique" (Bernard Guerrien est en désaccord avec la théorie néoclassique, on me reprochera donc un brin de subjectivité dans mes conseils de lecture, mais l’opinion de l’auteur ne paraît que rarement dans le livre et c’est je trouve le livre le plus clair et concis que j’ai pu lire sur le sujet !), sinon les 3/4 des livres que l'on trouve dans les BU sont néoclassiques.
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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 19:07

 

Bienvenue sur ce blog !

 

Je suis doctorant en économie, à force de m'arracher les cheveux à lire des blogs d’économie tenus par des économistes orthodoxes (orthodoxes ? cf. prochain billet !), notamment ceux de jeunes chercheurs particulièrement zélés, ai-je décidé de me lancer à mon tour dans l’aventure. Histoire de montrer qu’il n’existe pas qu’une théorie économique, mais des théories en radicales oppositions, que pour de nombreux économistes (même s'ils sont minoritaires) l’impuissance n’est pas synonyme de sagesse et l’espoir de déraison, que sont possibles d’autres mondes et d’autres mondialisations et que tout cela n’est probablement affaire que de quelques grandes réformes, nul besoin de révolution !

 

L’objectif de ce blog donc : présenter les différentes théories économiques, les fondements théoriques du libéralisme actuel et ceux d’une (prometteuse) alternative, les liens entre la pensée économique et les politiques des gouvernements, entre les travaux des économistes et l'avenir des Hommes, et puis tout simplement parler d'économie, du monde de demain, un monde débarrassé de ses principaux problèmes économiques et où, comme l'a dit Keynes, l'économie quitterait le volant de la société pour revenir à la place qui lui revient : la banquette arrière !

 

Bonne lecture, et puisse ce blog vous intéresser et vous apporter quelque chose !

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