J’espère pouvoir bientôt poursuivre ma présentation de la théorie du circuit, mais avant cela je souhaiterais à nouveau réagir sur un billet, en l’occurrence Le commerce ou la guerre, posté avant-hier sur le blog EcoInter Views et dont voici l’adresse :
http://www.blogg.org/blog-81005-billet-1162021.html
L’existence d’une corrélation négative entre les dépenses militaires d’un pays (en % du PIB) et son degré d’ouverture au commerce international ne semble pas très surprenante. La paix, ou l’absence de tensions entre pays, est généralement favorable au développement du commerce en même temps que synonyme de plus faibles dépenses militaires. De même la liberté politique, en général moins propice aux dépenses militaires est souvent corrélée à la liberté économique, propice au commerce. Et on pourrait trouver de nombreuses autres raisons susceptibles d’expliquer ainsi l’existence d’une telle corrélation.
Mais, de là à dire que les pays auraient un choix à faire entre « ouverture aux échanges » et « militarisation » et que le problème de la Grèce serait de n’être pas parvenue à faire cet arbitrage c’est il me semble à la fois proférer une sacrée contre-vérité et faire preuve d’un bel autisme intellectuel (pour ne pas employer un mot plus fort). C’est distiller pernicieusement, qui plus est, dans l’esprit de ses lecteurs que les pays auraient grosso modo un arbitrage à faire entre totalitarisme et libre-échange. Car c’est bien de cela dont il est question ici, la Grèce n’est pas un pays fermé, ni extraordinairement protectionniste, je rappelle qu’elle fait partie de l’espace Schengen, de l’Union Européenne, et que son taux d’ouverture est, d’après le graphique fourni sur EcoInter, supérieur à 22%, proche de celui du Royaume-Uni, de l’Italie et de l’Espagne, alors que la Grèce est de par sa situation géographique loin du cœur de l’Europe, dans une région plutôt instable, ce qui pourrait très bien expliquer le maigre écart d’ouverture qui la sépare des autres pays. Prétendre que la Grèce de l’espace Schengen n’a pas su faire un choix entre la militarisation et l’ouverture aux échanges constitue donc une belle escroquerie intellectuelle, destinée à faire croire que le problème grecque, comme la plupart des problèmes du monde c’est un peu le leitmotiv de ce blog, proviendrait d’un manque de libre-échange. Le tout doublé de l’idée que ne pas choisir la solution libre-échangiste reviendrait à choisir l’option militaire. On peut être pour ou contre le libre-échange, mais prétendre ou faire allusion au fait que l’alternative soit la militarisation, quelle misère !
Je rappellerais que, de même qu’une corrélation n’est pas forcément une causalité, une corrélation négative n’est pas forcément synonyme d’arbitrage. En outre, l’histoire montre qu’il n’y a pas si longtemps, au XIXe siècle, l’ouverture au commerce c’était bien souvent la guerre, les guerres que les nations européennes ont menées en Asie et en Afrique notamment, pour forcer de nombreux de pays à ouvrir leurs frontières.
Je conclue en posant trois questions aux blogueurs d’EcoInter, qui j’espère me répondrons :
- ne pensez-vous pas avoir franchi un seuil dans l’autisme et la mauvaise foi en affirmant que « La crise de la dette grecque révèle certainement la contradiction d'un pays qui doit faire un choix entre l'ouverture aux échanges et la militarisation » ?
- deuxièmement, j'ai du mal à trancher, quel choix a fait la Chine, ou l'Arabie Saoudite, la militarisation ou l'ouverture aux échanges ? Parce que ces deux pays ont à la fois des taux d'ouvertures supérieurs à la Grèce, et pourtant leurs dépenses militaires représentent une plus grande part du PIB que les dépenses militaires grecques.
- et troisièmement j’ai noté que vous étiez un des rares blogs à avoir de la publicité (en l’occurrence là deux panneaux de pub) et je me demandais (ce n’est pas une critique juste une question de curiosité) si c’est votre hébergeur qui vous impose ces publicités ou si elles sont là pour vous permettre de gagner quelques pécules ?