Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 13:55

 

L'orgueil, l'avarice et la paresse, voilà le nom qu'on pourrait donner aux 3 escroqueries qui font que les égalités PML = w et PMK = r sont fausses.

 

Escroquerie n°1 : l'orgueil (on néglige la demande, un concept bon pour les amateurs)

 

Reprenons notre verger. Si le salaire passe à 9, vous allez embaucher un 11e travailleur, rappelez-vous ! (parce que ce 11e travailleur ne peut ramasser que pour 9 euros de fruits, donc il n'aurait pas été intéressant de l'embaucher plus tôt)

 

Si le salaire passe à 8, vous en embauchez un 12e.

 

à 7, un 13e..

 

Etc..

 

à 1, un 19e..

 

Mais.. peut-on se demander, qui va consommer tout ça ? Car si le salaire est à 1, en embauchant 19 personnes vous dépensez 19 euros en salaires, or ces 19 personnes vous en rapportent 19+18+17+16+..+5+4+3+2+1 = 190 euros ! Si toutes les entreprises font ça, versent 19 euros à leurs salariés, on voit mal comment elles peuvent chacune en gagner 190 !

 

Réponse de l'économiste. Tout simplement parce qu’on suppose que tout offre crée sa propre demande et donc que tout production parviendra à être écoulée. Autrement dit, ça revient au même, on néglige la demande et on ne s’intéresse qu’à la capacité à produire des entreprises.

 

Les résultats PML=w et PMK=r vous décrivent donc ce qui se passerait dans une économie sans demande, où la production ne dépendrait que de la seule capacité à produire d’entreprises, compte tenu du prix de leur bien, du coût du capital et des salaires en vigueur. Rien de plus.

 

Or est-il utile de rappeler qu'une entreprise quelconque n'installe pas des usines partout où elle serait physiquement capable de la faire en y produisant tous les biens qu'elle serait physiquement capable de produire, tout simplement parce qu’elle est limitée par les possibilités d’écoulement de ses marchandises ?

 

Si le salaire en vigueur est de 10, que mes employés ramassent chacun pour 19, 18, 17, etc.. euros de pommes et que j’anticipe d’en vendre pour 37 euros, alors j’embaucherais 2 personnes (car 37=19+18). Rien à voir donc avec l’égalité entre le salaire du dernier employé embauché (10) et sa productivité (18). Mais, si je n’ai pas à me soucier de la demande, alors j’embauche jusqu’à ce que la dernière personne employée rapporte juste assez pour compenser son salaire. Et là, PML=w.

 

Et s'il y a du chômage dans notre économie, le salaire des employés devrait baisser, alors qu'ils produisent toujours autant. Ce n'est donc pas l'agilité du salarié, sa productivité, qui détermine son salaire, mais plutôt le rapport de force entre employés et patrons (rapport de force quasi-nécessairement défavorable aux salariés, pour de nombreuses raisons, sauf si l'État intervient et réglemente un peu tout ça..). Rapport qui force qui disparaît dans une économie sans demande, puisque dans cette économie il est toujours intéressant d'embaucher quelqu'un tant que son salaire est inférieur à sa productivité.

 

Même chose pour le capital.. Et si dans l'économie considérée il y a beaucoup de capital inutilisé (période de crise par exemple), son prix baissera aussi, alors que sa productivité est restée la même.

 

Si les profs expliquaient cela aux étudiants, au lieu de passer sous silence ce problème de la demande, alors peut-être s’exposeraient-ils à d’avantage de questions, peut-être les choses paraîtraient-elles moins évidentes, éclairantes..

 

 

Escroquerie n°2 : l’avarice (on laisse la monnaie de côté au lieu de la faire circuler)

 

Bon, mais admettons qu’on ne s’intéresse pas à la demande. Cette théorie ne nous explique pas non plus comment les entreprises réalisent des profits monétaires. On revient aux histoires des deux billets précédents. Si les entreprises distribuent leurs dividendes aux actionnaires qu'une fois les profits réalisés (comme dans la réalité, non ?), alors comment peuvent-elles réaliser des profits ?

 

En effet, comment pourraient-elles recevoir wL+rK en ne versant que wL à leurs employés ? Ce n'est pas possible. En supposant que les entreprises aient déjà réalisé des profits au cours de l'année précédente, alors elles versent wL à leurs employés et rK aux actionnaires (rK dépendant donc des profits réalisés l'année précédente). Là elles réaliseront bien un profit, dépendant des sommes versées sur les profits de l'année précédente, mais ce profit ne pourra pas augmenter, puisque les entreprises ne pourront pas recevoir plus de ce qu'elles ont dépensées par ailleurs. Ce qui (faut-il le rappeler) est contraire à ce qui se passe dans la réalité. (bon, je ne m'attarde pas trop sur ce point, parce que j'en ai déjà parlé plusieurs fois !)

 

Il n'est donc pas possible dans ce cadre de comprendre l'apparition de profits monétaires. Mais, vous répondra-t-on sûrement, ici ce n'est pas le problème puisqu'on raisonne dans une économie sans monnaie, une économie de troc. Dans ce cas en effet, il n'y a plus de problèmes, chaque entrepreneur se paie et paie ses actionnaires avec les produits de l'entreprise (en patates, en voitures, en chaussure, en électricité, autant qu'il y a d'entreprises différentes) et chacun ira les troquer contre les biens et services nécessaires à sa subsistance. Si les actionnaires sont payés en nature, effectivement la théorie peut marcher ! Et tant pis si dans la réalité ils touchent du vrai argent, ça on voit pas trop pourquoi..

 

Cette théorie qu'on enseigne aux étudiants fonctionne donc dans un monde sans demande et sans monnaie..

 

 

Escroquerie n°3 : la paresse (c'est faux, mais bien pratique, alors on garde)

 

La troisième escroquerie, que décrit RST dans son commentaire, c'est qu'une fonction du type « Cobb-Douglas », si elle hyper-pratique à utiliser, ne correspond à rien (du moins à pas grand chose) dans la réalité.

 

En général, le capital et le travail ne sont substituables comme ils le sont dans une fonction « Cobb-Douglas ». Si le prix des fours augmente, les boulangers ne vont pas les remplacer par des hommes qui soufflent sur le pain pour les faire cuire, etc. Et puis, la production résulte de multiples interactions qui font qu'on ne peut pas mesurer la productivité individuelle de tel employé ou tel machine. Comme le dit Cordonnier dans son livre « Pas de pitié pour les gueux », lorsque deux personnes portent une table, quel est la productivité de chacun ? Et il en va ainsi de la plupart de nos productions, des chaînes de montage des usines aux hypermarchés, elles résultent de la complémentarité du travail de chacun et non de leur simple addition. Dès lors, calculer une productivité marginale n'aurait pas de sens. D'ailleurs, comme le rappelle RST, les patrons ne s'y trompent pas, aucun raisonne en terme de productivité marginale, de coût marginal, etc. mais la plupart (c'est ce que montrent toutes les enquêtes sur le sujet) en coûts de production moyens, prix de vente.. Et puis les fonction de production « Cobb-Doulgas » ne prennent pas du tout en compte les importants coûts fixes que chaque entreprise nécessairement possède. Bien heureusement d'ailleurs pour la théorie néoclassique, parce qu'alors les calculs d'équilibre, etc. deviendraient bien compliqués.

 

 

Voilà, donc cette théorie sur les productivités marginales, si elle peut sembler fort logique quand elle est présentée comme je vous l'ai présenté dans le précédent billet, et comme les profs d'économie la présente aux étudiants, explique la formation des salaires et des profits dans une économie sans demande, ni monnaie et dans laquelle les entreprises auraient des fonctions de production qui n'ont rien à voir avec celles de nos entreprises du monde réel.

 

Ça fait beaucoup pour une théorie universellement reconnue et enseignée, qui est à l'origine de la plupart des théories expliquant le chômage et la répartition de la richesse au sein de nos sociétés..

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

E
<br /> Je passais ici par hasard, et je suis tombé sur ceci :<br /> <br /> <br /> - "Les équations intègrent également la part du progrès technique dont vous ne parlez pas."<br /> <br /> <br /> - "la consommation n'est pas négligée"<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Si l'on parle bien du modèle de Solow, il s'agit d'un modèle ou l'épargne est exogène et son taux est fixe. La consommation est dès lors définie par construction par la différence entre le revenu<br /> et l'épargne. Une hausse du revenu n'a donc aucun effet sur les taux de consommation et d'épargne dans ce modèle, a priori. Maintenant, choisissons le point à l'Etat régulier ou le revenu est<br /> maximal, c'est celui qui correspond à un taux d'épargne de 100%. On en arrive à la conclusion que si plus personne ne consomme rien, on a le PIB le plus grand possible toutes choses étant égales<br /> par ailleurs.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La consommation n'existe dans ce modèle que par construction, et elle n'a en soi aucun effet sur la croissance.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ensuite, parlons du progrès technique, "pris en compte dans les équations" :<br /> <br /> <br /> Est-ce que le terme "résidu de Solow" vous évoque quelque chose ? C'est la partie de la croissance que le modèle de Solow n'explique pas, il en déduit (à tort ou à raison, je ne sais pas et je ne<br /> lui fais pas de procès pour cela) que c'est l'effet du progrès technique. Pourquoi ? Parce que le progrès tecnhique ne se reflète dans aucune donnée observable et on le suppose donc encore une<br /> fois, exogène et fixe, ce qui nous pose la question : est-ce une manière rigoureuse de formaliser l'effet du progrès tecnhique, et donc de tenir compte de sa contribution sur la croissance, et<br /> sur l'effet de feedback de la croissance sur le progrès technique ?<br /> <br /> <br /> Attendez, j'ai mieux ! Prenez une feuille et un crayon, et regardez ce qui se passe en cas de choc positif sur le taux de progrès technique. Au tout début de la dynamique transitoire, la droite<br /> d'investissement requis ayant une pente plus forte, votre taux de croissance baisse, et vous pouvez même vous retrouver en récession (de quoi faire un billet pour Ette Rodox). Voila des éléments<br /> de la prise en compte du progrès technologique chez Solow. Sur ce, je croise les doigts pour qu'on n'ait pas de révolution industrielle nous rendant plus productifs dans les prochaines années, on<br /> ne s'en sortirait pas, j'imagine.<br />
Répondre
B
<br /> Pas mal pour une première année sauf que la théorie économique est un tout, la consommation n'est pas négligée pas plus que le fait que le capital et la main d'oeuvre ne soient pas entièrement<br /> substituables.Je vous conseil la lecture de Penrose ou de Solow. Les équations intègrent également la part du progrès technique dont vous ne parlez pas.<br /> <br /> <br /> Surtout dans votre démonstration vous omettez de préciser que le capital c'est l'épargne des ménages investie par les institutions financières et que le profit d'une entreprise c'est la part de<br /> rémunération du capital sur laquelle sont prélevées les taxes et impositions. Cette part étant ensuite soit réinvestie (hausse du capital (achat de machines)) ou redistribuée aux actionnaires.<br /> <br /> <br /> Bref comme le polytechnicien que vous citez je pense vous avez une vision limitée de l'économie car :<br /> <br /> <br /> -vous confondez un paradisgme et une méthode avec une vérité scientifique. L'économie offre un shéma téorique "toutes choses étant égales par ailleurs" surtout pour que les chercheurs puissent se<br /> comprendre, ils peuvent ainsi indiquer que leur rechercche remet en cause tel élément de la théorie général comme l'équilibre des marchés par exemple.<br /> <br /> <br /> -vous n'avez pas approfondi la connaissance de la matière. Et j'espère que vous le ferait car il est dommage de porter un jugement sur un domaine que l'on ne connaît pas et surtout d'induire de<br /> bonne foi (suposée) les autres en erreur.<br /> <br /> <br /> -vous considérez qu'il y a un choix de valeur alors que l'économiste reste neutre il n'offre qu'une analyse et ne porte pas de jugement de valeur. Il est parfaitement possible de démontrer<br /> mathématiquement qu'on peut créer une bombe H sans avoir envie d'en fabriquer, de même un économiste peut démontrer les effets de la baisse des salaires pour l'emploi est considérer qu'il n'est<br /> pas acceptable de payer les gens en dessous d'un SMIC ce sont deux choses différentes, la seconde vision tenant du choix de société.<br /> <br /> <br /> J'en terminerais avec deux points le premier c'est que selon Solow le taux de croissance du capital doit être équivalent à celui de la population active et que donc le taux de croissance<br /> stationnaire de l'économie ne eut dépasser celui de l'accroissement démographique (de la population active il s'entend). Essayez d'en tirer les conséquences.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Il y a beaucoup d’inexactitudes dans ce que vous affirmez, et je vous encourage à aller plus loin que la simple étude du modèle de Solow, qui est devenu aujourd’hui le sorte de « théorème de<br /> Pythagore » de la macroéconomie moderne, les étudiants ne connaissent quasiment que ça (et ses dérivés) en macroéconomie et le cite à tout bout de champ alors qu’il y a de nombreuses autres<br /> contributions bien plus intéressantes et qui renseignent bien d’avantage sur le fonctionnement et la croissance d’une économie. Quant à Penrose je ne vois pas exactement le lien avec le présent<br /> billet.<br /> <br /> <br /> Ainsi je vous conseille, pour aller plus loin que Solow ou l’enseignement traditionnel de l’économie, la lecture de « l’économie postkeynésienne » de Marc Lavoie, d’un article sur la<br /> théorie de la régulation et sur la théorie du circuit, d’étudier le modèle kaleckien du marché du travail. Ou encore les ouvrages de Laurent Cordonnier, notamment « pas de pitié pour les<br /> gueux ».<br /> <br /> <br /> Vous me conseillez la lecture de Solow, l’avez-vous vous-mêmes lu, ou vous être-vous contenté d’étudier son célèbre modèle dans un manuel ? Mon mémoire de M2 portait justement sur un dérivé<br /> du modèle de Solow, c’est donc probablement que je dois le connaître au moins aussi bien que vous.<br /> <br /> <br /> Revenons maintenant sur vos différentes affirmations :<br /> <br /> <br /> -         « la consommation n’est pas négligée », les théoriciens néoclassiques disent eux-mêmes que leurs théories<br /> sont des théories de l’offre (donc pas de la demande, donc ne s’intéressant pas à la consommation, à l’écoulement des biens produits). C’est au moins un point sur lequel tous les économistes sont<br /> d’accord : théorie néoclassique = théorie de l’offre.<br /> <br /> <br /> -         « Les équations intègrent également la part du progrès technique dont vous ne parlez pas. » En quoi le<br /> progrès technique modifie les égalités « PML = w » et « PMK = r » dont je parle dans ce billet ?<br /> <br /> <br /> -         « le capital c'est l'épargne des ménages ». Ah, donc si vous étiez économiste vous conseilleriez à tous les<br /> français d’épargner d’avantage pour augmenter le capital de la France ? Effectivement, les entreprises qui ne parviendraient plus à écouler leur production seraient ravies d’acheter<br /> d’avantage de capital pour produire plus.<br /> <br /> <br /> -         « le profit d'une entreprise c'est la part de rémunération du capital sur laquelle sont prélevées les taxes et<br /> impositions ». Et comment apparaissent ces profits, voilà la question ? Je vous renvoie aux billets sur le sujet dans ce blog.<br /> <br /> <br /> -         « L'économie offre un schéma théorique "toutes choses étant égales par ailleurs" surtout pour que les chercheurs<br /> puissent se comprendre ». Ce type de raisonnement n’est spécifique ni à la théorie néoclassique, ni d’ailleurs à l’économie. La théorie néoclassique repose sur la loi de Say, « postulat<br /> d’Euclide de la théorie classique » selon Keynes, et la neutralité de la monnaie, tandis que les théories postkeynésiennes sur le principe de la demande effective et de la monnaie endogène.<br /> Ces concepts, desquels tout le reste découle n’ont que peu à voir avec la méthode utilisée.<br /> <br /> <br /> -         « vous n'avez pas approfondi la connaissance de la matière. Et j'espère que vous le ferait car il est dommage de<br /> porter un jugement sur un domaine que l'on ne connaît pas et surtout d'induire de bonne foi (suposée) les autres en erreur ». Vous devez effectivement en savoir bcp plus que moi.<br /> <br /> <br /> -         « l'économiste reste neutre il n'offre qu'une analyse et ne porte pas de jugement de valeur ». En effet, un<br /> économiste peut montrer dans son modèle que telle chose n’est pas bien en économie (par exemple l’instauration d’un salaire minimum) et pourtant y être favorable. Malheureusement, l’histoire<br /> montre que ceci est bien rare. Pour des raisons 1000 fois évoquées (l’économie est une science sociale, politique, dont l’objet d’étude est l’homme, ce qui fait que chacun a nécessairement un a<br /> priori sur la question sur laquelle il travaille, contrairement à la physique nucléaire)<br /> <br /> <br /> -         « J'en terminerais avec deux points le premier c'est que selon Solow le taux de croissance du capital doit être<br /> équivalent à celui de la population active » A l’état stationnaire, sinon c’est faux.<br /> <br /> <br /> -         « et que donc le taux de croissance stationnaire de l'économie ne peut dépasser celui de l'accroissement<br /> démographique (de la population active il s'entend). » Sauf s’il existe du progrès technique, dans ce cas cette affirmation est fausse aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> euh, rédaction trop rapide de mon commentaire: baisse demande, donc baisse prix, entrprise réduit sa production (ne produit plus les unités dont le coût marginal est devenu supérieur au nouveau<br /> prix), donc baisse de sa demande de travail.<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Votre commentaire est juste, mais ne peut pas s'appliquer pour ce raisonnement je pense. Dans ce raisonnement les prix sont connus à l'avance et ne bougent pas (ce fut une des critiques émises<br /> lors de la controverses des deux cambridges, dont parle MM dans son commentaire, pour que le raisonnement fonctionne il faut que les prix soient connus avant qu'il y ait eu confrontation de<br /> l'offre et de la demande sur les différents marchés de biens et services, ce qui pose un gros problème, même au sein de la théorie néoclassique).<br /> <br /> <br /> C'est pourquoi on apprends en cours que la demande de salariés par les entreprises augmente toujours lorsque le salaire diminue, parce qu'on ne se soucie pas de la demande du tout, ni de l'effet<br /> que pourrait avoir une baisse de la demande, consécutive à la baisse des salaires, sur le niveau des prix.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> pas tout à fait d'accord sur le péché d'orgueil: la demande est prise en compte dans cette analyse, via les prix. Si la demande baisse, le prix de vente baisse, d'où baisse du nombre de<br /> travailleurs (tous ceux dont la productivité marginale est inférieure au nouveau prix quittent l'entreprise). On peut largement critiquer cette hypothèse de flexibilité des prix, mais on ne peut<br /> pas dire que la demande n'est pas prise en compte, même si elle apparaît de manière peu explicite dans ces analyses du marché du travail.<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> - Sur la "stratégie" des hétérodoxes vs orthodoxes :<br /> en effet, l'AFEP se veut pluraliste, et pas dans une opposition frontale avec la théorie néoclassique, pour me semble-t-il ne pas paraître "dogmatique" et permettre le dialogue. Mais soyons clairs,<br /> ça fait des années que les hétérodoxes tentent de montrer l'inconsistance de la théorie néoclassique et la critique...et cela n'a eu aucun effet. Et je prédis (sans que ce soit trop difficile à<br /> prédire d'ailleurs) qu'on pourra démontrer par A+B qu'ils ont tort, cela ne changera rien car tout bonnement il y a fossé culturel entre les deux que c'est comme parler une autre langue. Quand on<br /> critique les hypothèses, ils nous prennent tout juste comme des demeurés...Et n'oublions pas qu'ils ne nous lisent pas, et qu'ils s'en foutent : étant les dominants ils imposent leur vision de ce<br /> qu'est la science économique et nous éjectent...Et c'est tout de même assez inédit dans l'histoire de la pensée : avant les néoclassiques se sentaient obligés de répondre et débattre, aujourd'hui<br /> ils ne prennent pas le temps de lire. Moi je suis entrain de me demander si je ne vais réfléchir à ma carrière en faisant de la sociologie économique, tellement la situation me semble<br /> bouchée...Bon, bref tout ça pour dire que la stratégie à la fois de positionnement et même de création des conditions d'un débat n'ont rien de simple : si on rentre dans le tas, on n'est pas publié<br /> (mais bon dieu que ça fait du bien) et si on veut l'être il faut trouver un équilibre assez difficile ou écrire dans des revues que seuls les hétérodoxes lisent, donc mal cotées...<br /> <br /> "Etes-vous d'accord que la majorité de la macroéconomie orthodoxe aujourd'hui est de cet acabit-là ? Comment critiquer ce genre d'articles plus "gentiment", moins "frontalement" ? Je ne vois<br /> pas.."<br /> Réponse : évidemment, je suis en désaccord profond, la macroéconomie néoclassique, c'est une contradictoire dans les termes. Quant à l'article en question, vous le critiquez justement. Pour<br /> moi,<br /> <br /> - "Critique des hypothèses vs critiques des hypothèses" : les deux mon général. Ma définition du mainstream inclut à la fois la méthode & l'hypothèse fondatrice qui est la rationalité<br /> substantive. Il est clair que l'hypothèse de rationalité substantive et de préférences données change tout :<br /> - l'incertitude n'a de sens que dans un monde à rationalité limitée (et je dirais même "affective");<br /> - on passe d'un universalisme à l'historicisme en considérant que la rationalité est socialement construite, car radicalement limitée ;<br /> - on en déduit que ce sont les croyances, conventions et institutions, en bref les règles sociales, qui gouvernent les comportements et non l'optimisation<br /> - on en déduit qu'il faut une méthode holiste ou systémiste et plus du tout individualiste, car les préférences et les comportements sont façonnés par la société, et les institutions ;<br /> - on en déduit alors que l'important n'est plus la modélisation du comportement optimal ni même l'analyse de l'efficience statique, mais l'analyse historique et institutionnelle du monde<br /> (économique) tel qu'il se construit effectivement et des dynamiques de transformations ;<br /> - enfin, la plupart des résultats néoclassiques s'effondrent sans cette hypothèse...<br /> <br /> Sur l'histoire en gros de "la critique interne" vs critiques externes : encore une fois, je dirais les deux mon général. L'équilibre général a clairement quelque chose de la science fiction la plus<br /> délirante quant à la représentation de l'économie...d'ailleurs on ne sait plus si c'est le socialisme ou le capitalisme qui est décrit (cf les débats des années 30). Pour moi, je prends ce type de<br /> résultat comme la preuve de la nécessité de passer à d'autres hypothèses...Donc l'un n'est pas contradictoire avec l'autre. En revanche, il y a bien d'autres modèles qui sont beaucoup difficile à<br /> attaquer à l'échelle micro car leurs prédictions sont hélas assez souvent exactes économétriquement parlant (si je puis dire)... Et là, il y a un défi à relever pour proposer une microéconomie<br /> (même si je n'aime pas le mot) alternative.<br /> <br /> - Cambridge et la répartition : certes c'est technique mais si on ne peut pas avoir de théorie cohérente du capital, concrètement la théorie de la répartition néoclassique est morte... (du moins<br /> celle issue de JB Clark & Wicksteed ; pas la théorie du capital humain et des discriminations en revanche...). Je voudrais juste ajouter une critique sur la théorie de la répartition : elle ne<br /> peut fonctionner que sous l'hypothèse de rendement constant...Or, sous cette hypothèse, le profit (d'entreprise) est nulle et donc l'offre est aussi nulle (comme la théorie elle-même). Si on<br /> accepte au contraire l'hypothèse de rendements décroissants ou croissants, la quasi-rente marshallienne réapparaît. Pour se sortir de ce casse-tête pour les néoclassiques, ils ont inventé l'idée de<br /> rémunération d'un facteur caché, du grand n'importe quoi...<br /> <br /> - "Parguez ne serait pas d'accord avec vous !" Mais Poulon l'est, et il m'a convaincu...<br /> <br /> - oui je connais Henri Denis, et pour le coup il ne m'a convaincu du tout. En revanche je suis prêt à convenir qu'il y a un problème avec la théorie de la valeur travail. Je vous conseille la<br /> lecture de ce document d'Harribey sur cette question, je n'y adhère pas absolument, mais c'est une tentative intéressante...http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/valeur/profit.pdf<br /> <br /> - "Sur le dernier point, j'avoue ne pas avoir été convaincu par la théorie marxiste.. " Ben, je vois mal comment on peut nier que si la productivité du travail augmente moins vite que les salaires,<br /> le taux de profit diminue...et que cela est dû avant tout à une trajectoire technologique (alourdissement en capital par exemple). Que la demande puisse modifier cette trajectoire, je suis le<br /> premier à l'admettre, mais il est évident que la crise du fordisme s'explique d'abord par un ralentissement de la productivité vs les salaires et une diminution de l'efficacité du capital et pas<br /> d'un problème de demande...<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Oui tout à fait d'accord avec vous !<br /> <br /> <br /> J'avais lu cet article d'Harribey, je trouvais qu'il traverstissait un peu la pensée d'Henri Denis, mais.. je vais le relire je ne m'en souviens plus bien, merci pour le conseil !<br /> <br /> <br /> Sur la crise du Fordisme, je comprends bien votre point de vue, et je sais qu'il est largement partagé. Mais j'avoue ne pas être non plus convaincu.. Je ne sais pas s'il y a des articles<br /> (hétérodoxes) qui exposent d'autres manières de voir ?<br /> <br /> <br /> Merci pour votre commentaire !<br /> <br /> <br /> <br />